Les commentaires sur la Physique d’Aristote, composés par Jean Philopon, sont parfois coupés de digressions où l’auteur expose systématiquement ses doctrines personnelles ; c’est ainsi que la théorie du lieu est l’objet d’une semblable digression[1] ; nous allons brièvement l’analyser.
Jean le Grammairien attaque très vivement la théorie péripatéticienne au moyen d’arguments dont plusieurs se liront également aux commentaires de Simplicius.
Aristote enseigne que, pour trouver le lieu d’un corps, il faut s’éloigner de ce corps jusqu’à ce que l’on parvienne à une enceinte
- ↑ Ioannis Philiponi In Aristotelis physicorum libros quinquæ posteriores commentaria. Edidit Hieronymus Vitelli Berolini, 1888. In Arislotelis lib. IV, cap. IV ; corollarium de loco, pp. 557-585.
Ἑρμείου μετά τινων ἰδίων ἐπιστάσεων, que ne porte aucun manuscrit connu, est bien de Philopon et non du premier éditeur, Victor Trincavelli.
Des commentaires que Jean Philopon avait composés sur la Physique d’Aristote, nous possédons seulement, nous l’avons dit, les quatre premiers livres. Des quatre derniers, il ne nous reste que de menus fragments.
Il ne paraît pas que ces commentaires aient été connus, au Moyen-Âge, par la Chrétienté latine. Au temps de la Renaissance, Victor Trincavelli en donna l’édition grecque suivante :
ΙΟΑΝΝΟΥ ΓΡΑΜΜΑΤΙΚΟΥ ΥΠΟΜΝΗΜΑ ΕΙΣ ΤΑ ΠΕΡΙ ΦΥΣΙΚΗΣ ΤΕΣΣΑΡΑ ΠΡΩΤΑ ΒΙΒΛΙΑ ΤΟΥ ΑΡΙΣΤΟΤΕΛΟΥΣ. Joannis Grammatici in primos quatuor Aristotelis de naturali auscultatione libros comentaria. MDXXXV, Colophon : Venetiis in aedibus Bartholomaei Zanetti Casterzagensis, aere vero, et diligentia Ioannis Francisci Trincaueli. Anno a partu virginis MDXXXV, L’ouvrage est dédié par l’éditeur, Victor Trincavelus, au cardinal Contarini.
D’après cette édition grecque, Girolamo Doroteo, de Venise, a donné une traduction latine dont existe, à notre connaissance, l’édition suivante :
Ioannis Grammatici cognomento Philoponi Eruditissima commentaria in primos quatuor Aristotelis de naturali auscultatione libros. Nunc primum e Grœco in Latinum fideliter translata. Guilelmo Dorotheo Veneto Theologo Interprete. Venetiis. MDXXXXII In fine : Impressum Uenetijs per Brandinum et Octavianum Scotum. MDXXXIX.
Cette dernière indication semble marquer l’existence d’une première édition qui aurait été donnée en 1539, et dont celle-ci ne serait qu’une reproduction avec un nouveau frontispice. Une autre édition fut donnée à Venise, par Octavianus Scotus, en 1554.
En 1558, Octavianus Scotus donna une nouvelle édition où les premières pages de la traduction de Doroteo avaient été revues par Giambattista Rassario, médecin de Novare.
Rassario compléta, ultérieurement, cette révision de la traduction de Doroteo, et la publia à Venise, en 1569, chez Vincentius Valgrisius. Une autre édition de cette traduction revue par Rassario est la suivante, que nous avons consultée :
Aristotelis Physicorum Libri Quatuor. Cum Ioannis Grammatici, Cognomento Philiponi, Comnientarijs. Quos nuper ad grœcorum codicum fidem summa diligent restituit Ioannes Baptista Rassarius, Novariensis Medicus, et in sinqueis paginis errores innumeros sustulit ut plane alia nunc interpretatio videatur. Venetiis, Apud Hœredem Hieronimi Scoti MDLXXXI.
Le texte grec n’a été publié que récemment sous les auspices de l’Académie de Berlin :
Ioannis Philiponi In Aristotelis physicorum libros tres priores commentaria. Edidit Hieronymus Vitelli Berolini, MDCCCLXXXVII. — Ioannis Philiponi In Aristotelis physicorum libros quinque posteriores commentaria. Edidit Hieronymus Vitelli Berolini, MDCCCLXXXVIII (Commentaria in Aristotelem grœca, voll. XVI et XVII)