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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

l’année ne lui paraît pas être tout à fait de 365 jours ¼, et qu’en comparant les retours aux mêmes étoiles fixes, il la trouve plus longue ; d’où il conjecture que la sphère des étoiles fixes a, elle-même, une certaine marche lente qui lui fait parcourir la suite des points du Ciel et qui, comme celle des planètes, est en sens contraire du premier mouvement par lequel tout le Ciel est entraîné… »

Après avoir signalé la différence qui existe entre l’année sidérale et l’année tropique, Hipparque a choisi cette dernière comme celle qu’il convenait de prendre désormais pour année normale. C’est celle, en effet, qu’il faut choisir comme fondement si l’on veut établir un calendrier qui maintienne fixe la date du commencement de chaque saison. Que cette convention fût posée par lui dans son traité De la longueur de l’année, nous en avons pour témoin formel un passage de son écrit Sur les mois et les jours intercalaires (Περὶ ἐμϐολίσμων μηνῶν ϰαὶ ἡμερῶν) ; ce passage nous est textuellement rapporté par Ptolémée[1] ; le voici :

« Dans le livre que j’ai composé sur la durée de l’année, je montre que l’année solaire, qui est le temps que le Soleil emploie à revenir d’un solstice au même solstice ou d’un équinoxe au même équinoxe, contient trois cent soixante-cinq jours et un quart, moins le trois centième à peu près de la durée d’un jour et une nuit. »

Choisir l’année tropique comme année normale, en déterminer la durée, cela ne suffisait pas à Hipparque ; il lui fallait encore connaître la différence entre l’année sidérale et l’année tropique ou, en d’autres termes, déterminer la valeur annuelle de la précession ; c’est ce qu’il avait fait dans son traité De la longueur de l’année, comme nous l’apprend une citation de ce traité faite par Ptolémée[2] : « Car si, par cette cause, les points tropiques et les équinoxes ont marché, vers l’Occident, d’une quantité qui n’est pas au-dessous de la centième partie d’un degré par an, il faut qu’en 300 ans ils se soient avancés dans ce sens d’une quantité égale à 3 degrés ».

La précession des points équinoxiaux n’est pas inférieure à un degré par siècle : telle est l’affirmation d’Hipparque en son traité De la longueur de l’année ; en effet, l’Astronomie moderne évalue à 1° 23′ 30″ par siècle la marche des points équinoxiaux.

Le traité Du transport des points solsticiaux et équinoxiaux était

  1. Claude Ptolémée, loc. cit. ; éd. Halma, t, I, p. 164 ; éd. Heiberg, pars I, p. 207.
  2. Claude Ptolémée, loc. cit. livre VII ch. II ; trad. de l’abbé Halma, t. II, p. 13 ; éd. Heiberg, Ζ′, β′, pars II, pp. 15-16.