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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

conclure des passages où Théon de Smyrne nous rapporte son enseignement.

Théon déclare[1] que « le Soleil paraît se mouvoir le plus lentement et qu’il semble le plus petit lorsqu’il se trouve à 5° 30′ du principe des Gémeaux, et qu’il atteint sa vitesse et son diamètre apparent les plus grands lorsqu’il occupe une position analogue dans le Sagittaire ».

L’Astronome platonicien reprend la même affirmation en un autre lieu[2] :

« Le Soleil offrira toujours aux mêmes endroits respectifs les plus grandes, les plus petites et les moyennes distances à la Terre ; les plus grandes, comme il a été dit, au cinquième degré et demi des Gémeaux, les plus petites au même degré du Sagittaire, et les moyennes au même degré de la Vierge et des Poissons. »

L’avis d’Adraste, que Théon nous rapporte, est, au contraire, entièrement différent de celui de Pline en ce qui concerne les cinq planètes ; Adraste admet[3] que, pour chacune d’elles, la ligne des absides tourne avec une vitesse notable autour du centre du Monde : « Quant aux autres planètes, c’est en tout lieu du Zodiaque quelles peuvent être à la plus grande, à la plus petite et à la moyenne distance de la Terre, et qu’elles peuvent avoir la vitesse minimum, maximum ou moyenne ». C’était là, sans doute, une allusion à l’explication du mouvement planétaire par un excentrique mobile.

Tel est l’enseignement, que Théon de Smyrne avait reçu d’Adraste d’Aphrodisias. Il l’entremêle d’une doctrine toute différente touchant les absides du Soleil, doctrine qu’il tenait sans doute d’un autre maître, peut-être de Posidonius[4].

« Quand on considère attentivement, dit-il[5], le temps du retour en longitude pendant lequel le Soleil parcourt le Zodiaque, en allant d’un point au même point, d’un solstice au même solstice, ou d’un équinoxe au même équinoxe, c’est à très peu près le temps signalé plus haut (365 jours 1/4), de sorte qu’au bout de quatre

  1. Theonis Smyrnaei Platonici Liber de Astronomia Textum primus edidit, latine vertit,…dissertatione illustravit Th. H. Martin, Parisiis, 1849, cap. XXVI p. 241. — Théon de Smyrne, philosophe platonicien, Exposition des connaissances mathématiques utiles pour la lecture de Platon, traduite par J. Dupuis, Paris, 1892 ; Astronomie, ch. XXVI bis, p. 267.
  2. Theonis Smyrnaei Astronomia, trad. Th. H. Martin, cap. XXX, p. 269. Théon de Smyrne, Astronomie, trad. J. Dupuis, ch. XXX, p. 285.
  3. Théon de Smyrne, Ibid., Cf. : Th. H. Martin, De Theonis Smyrnœi Astronomia dissertatio, pars II, § 16, pp. 114-115.
  4. Th. H. Martin, Dissertatio…, pars II, § 14, p. 109.
  5. Théon de Smyrne, Astronomie, ch. XXVII ; éd. Th. H. Martin, pp. 261-268 ; éd. J. Dupuis, pp. 279-281.