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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

C’est ainsi que Jean Philopon fait allusion à l’existence du neuvième orbe par lequel les successeurs de Ptolémée expliquaient le mouvement propre des étoiles fixes, et qu’il y fait allusion comme à une connaissance communément reçue : « Platon, dit-il[1] n’a pas connu le neuvième orbe qui ne porte ni astre ni étoile, et qui a été découvert par Ptolémée ».

Ailleurs, dans son commentaire au premier chapitre de la Genèse, Philopon fait remonter jusqu’à Hipparque la découverte du neuvième ciel privé d’astre, dont il prétend, en outre, retrouver la mention dans le récit de Moïse : « Hipparque et Ptolémée, dit-il[2], sont, plus hautement que tous leurs prédécesseurs, estimés en Astronomie… Ils sont aussi les premiers des Grecs qui aient connu la sphère sans astre, extérieure à toutes les autres sphères ». « Je ne parle pas, dit encore Jean le Grammairien[3]. de la sphère qui. selon Ptolémée, se meut d’un degré en cent, ans, en sorte qu’en trois mille ans, elle parcout la douzième partie du zodiaque ».

On admettait donc couramment à Alexandrie, au temps de Jean Philopon, l’existence de ce neuvième ciel dont Origène avait déjà connaissance ; à la même époque, en dépit des critiques déjà anciennes de Proclus, ou l’admettait également à Athènes ; Simplicius va nous le dire.

« Évidemment, a dit Th. H. Martin[4], Simplicius ne croit pas à la précession des équinoxes », Le savant érudit portait ce jugement après avoir parcouru les commentaires au Περὶ Οὐρανοῦ, sans y trouver d’allusion au mouvement des étoiles fixes. Il eût, assurément, réformé ce jugement s’il avait mieux lu ces commentaires ; il l’eût également réformé si son attention eût été attirée sur certain passage du Commentaire à la Physique.

Ce passage se trouve[5] au quatrième livre de ce commentaire,

  1. Ioannes Grammaticus Philoponus Alexandrinus In Procli Diadochi duodeviginti argumenta de Mundi œternitate… loanne Mahotio Argentenae interprete. Lugduni, 1557. In fine : Lugduni excudebat Nicolaus Edoardus. Campanus, quinto idus ianuarias. 1557 — In Procli Diadochi argumentum decimum-tertium ; p 244. — Ioannes Philoponus De aeternitate Mundi contra Proclum. Edidit Hugo Rabe Lipsiae. MDCCCXCIX XIII, 18, p. 537.
  2. Joannis Philoponi De opificio mundi libri VII Recensuit Gualterus Reichardt Lipsiæ, 1897 Lib. III, cap. III, pp. 113-114.
  3. Joannis Philoponi Op. laud., lib, III, cap. V ; éd. cit., p. 117.
  4. Th. H, Martin, Mémoire sur cette question : La précession des équinoxes a-t-elle été connue… avant Hipparque ? Ch. II, § 2.
  5. Simplicii Commentarii in octo Aristotelis physicae auscultationis libros cum ipso Aristotelis textu ; Vanetiis, in ædibus Aldi et Andreae Asulani soceri Mensae (sic) Octobri MDXXVI ; p. 148, recto.

    Simplicii philosophi perspicacissimi Clarissima commentaria in octo libros Arist. de Physico Auditu. Venetiis, apud Hieronymum Scottum, MDLXVI Lib IV, cap V. pp 229-230.

    Simplicii In Anstotelis physicorum libros quattuor priores commentaria. Edidit Hermannus Diels. Berolini, 1882, Lib. IV, corollarium de loco, p. 633.