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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

1o La durée de la Grande Année est de 36.000 ans.

2o En cette durée, s’accomplit la révolution propre de la sphère des étoiles fixes.

3o À la fin de la Grande Année, tous les astres errants reprennent, dans le Ciel, la position qu’ils avaient au commencement.

4o L’état du monde sujet à la génération et à la corruption est périodique ; la durée de sa période est égale à la Grande Année.

Cette doctrine sera l’une des hérésies que l’Église aura alors à combattre.


VI
INTRODUCTION DE LA THÉORIE DE L’ACCÈS ET DU RECÈS
CHEZ LES ASTRONOMES INDIENS ET ARABES. LE
Liber de elementis.
AL BATTANI.

Le temps d’Al Mamoun, auquel se rapporte la détermination de l’obliquité de l’Écliptique qu’Al Fergani et Ibn lounis nous ont fait connaître, paraît être aussi celui où la théorie de l’accès et du recès a sollicité l’attention des astronomes arabes.

« Parmi[1] les astronomes musulmans qui, au temps d’Al Mamoun, puisèrent dans les livres indiens, l’auteur du Tarykh-al-Hokamâ cite Habasch, fils d’Abd-Hallah. Habasch composa trois tables astronomiques, qu’il intitula canoun, du mot grec ϰανών qui signifie règle…

» Suivant l’auteur du Tarykh-al-Hokamâ, bien que Habasch fût alors un partisan des idées indiennes plus zélé qu’il ne le fut plus tard, il ne laissa pas, en certains points, de s’éloigner des exposés de Mohammed al Fazary et de Mohammed al Kharizmi. Ce fut ainsique, voulant fixer avec plus de précision la place des étoiles en longitude, il emprunta à Théon d’Alexandrie l’idée du mouvement des signes du Zodiaque en avant et en arrière ».

Influence indienne et influence grecque, telle est la double tendance qui, à partir de l’époque d’Al Mamoun, sollicite les astronomes arabes ; nous avons vu l’influence indienne se marquer dans les exposés que Masciallah et Al Fergani nous ont donné de l’Astronomie de Ptolémée ; dans les recherches de Habasch sur

  1. Reinaud, Mémoire géographique, historique et scientifique sur l’Inde, antérieurement au milieu du xie siècle de l’ère chrétienne d’après les écrivains arabes, persans et chinois (Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres, t. XVIII, 2e partie, 1849, p. 319).