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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

res primi forientes imagines secunthan Astronomiam Altasamec dont nous a parlé Masciallah. Comme ce dernier les place avant Ptolémée, nous sommes amenés à supposer que ce sont les παλαιοὶ ἀποτελεσματιϰοί, les anciens astrologues cités par Théon d’Alexandrie.

Dès lors, il semble naturel d’user du texte de Théon pour corriger le texte, visiblement fautif, du De proprietatibus elementorum ; d’admettre qu’en celui-ci, le mouvement d’accès et le mouvement de recès devraient être tous deux de 8° ; de supposer enfin qu’une faute de copiste a pu seule réduire à 7° l’amplitude du mouvement d’accès.

Ce n’est pas ainsi qu’Albert le Grand a compris l’hypothèse exposée par le De proprietatihus elementorum ; « Les auteurs d’Altasimec, dit-il,… prétendent que la tête du Bélier s’écarte de l’équateur, tantôt vers le midi et tantôt vers le nord, sur un cercle dont les anciens ont évalué le diamètre à 15° ; de ces 15°, 7° correspondent au mouvement d’accès vers le nord, c’est-à-dire vers nous, tandis que 8° correspondent au mouvement de recès qui s’éloigne de nous vers le midi ; selon ces auteurs, le centre du petit cercle sur lequel se meut la tête du Bélier n’est pas sur l’équateur, mais il se trouve à un demi-degré au sud de l’équateur ; … le mouvement de ce cercle est d’un degré en 80 ans ;… le phénomène qui en résulte devrait s’accomplir en 640 ans. »

Doit-on croire qu’Albert le Grand possédait le texte qu’il nomme Altasimec et qu’il en a extrait cet exposé, où l’on peut, d’ailleurs, relever plus d’une contradiction ? N’est-il pas plus vraisemblable que cet exposé n’est qu’une interprétation des obscurités du De proprietatibus elementorum, interprétation malencontreusement guidée par une théorie bien distincte de celle qu’avait visée le Pseudo-Aristote, par la théorie de Thâbit ben Kourrah, à laquelle Albert fait, d’ailleurs, allusion en ce passage ?

Il nous semble qu’un mélange tout semblable d’opinions inspirées par les doctrines attribuées à Thâbit vient fausser un autre exposé de l’ancienne théorie de l’accès et du recès. Cet exposé se trouve dans un livre[1] composé, pendant la première moitié du xiie siècle, par un juif espagnol, Rabbi Abraham bar Hiyya. « Les sages de l’Inde, dit Abraham bar Hiyya, tous les habitants des pays latins, et les plus anciens parmi les savants

  1. Sphaera mundi auctore Rabbi Abrahamo Hispano filio R. Haijae. Osw. Schreckenfuchsius vertit in linguam Latinam. Ser. Munsterus illustravit annotationibus ; Basileæ, 1546 ; Cap. X. pp. 192-200 du texte hébreu. La traduction latine de ce passage manque. Nous l’empruntons à une note de M. Nallino in : Al Battani Opus astronomicum, Mediolani, 1903 ; pars I, p. 302.