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LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE

autre, enfin, en tant qu’elle dépend des dieux. En tant que dieu, elle étend sa providence à toute chose ; par la vie intellectuelle qu’elle a reçue, elle connaît toutes choses ; par sa substance mobile d’elle-même, elle meut les corps… Cette troisième activité se trouve, en elle, en vertu de sa substance propre, qui est motrice pour les choses capables, par nature, d’être mises en mouvement par un moteur étranger ; qui est vivificatrice pour celles qui possèdent une vie importée. De toute âme, c’est la l’opération propre ; les autres opérations, comme la connaissance et la providence, sont en elle par participation. — Πᾶσαι αἱ θεῖαι ψυχαὶ τριπλᾶς ἔχουσιν ἐνεργείας· τὰς μὲν ὡς ψυχαὶ, τὰς δὲ ὡς νοῦν ὑποδεξάμεναι θεῖον, τὰς δὲ ὡς θεῶν ἐξηρτημέναι. Καὶ προνοοῦσι μὲν τῶν ὅλων ὡς θεοὶ, γινώσϰονσι δὲ τὰ πάντα ϰατὰ τὴν νοερὰν ζωὴν, ϰινοῦσι δὲ τὰ σώματα ϰατὰ τὴν αὐτοϰίνητιϰον ὕπαρξιν… Τρίτη δὲ αὐταῖς πάρεστιν ἡ ϰατὰ τὴν ἰδίαν ὕπαρξιν ἐνέργεια, ϰινητιϰὴ μὲν ὑπάρχουσα τῶν φύσει ἑτεροϰινήτω, ζωοποιὸς δὲ τῶν ἐπείσαϰτον ἐχόντων τὴν ζωὴν. Πάσης γὰρ ψυχῆς τοῦτό ἰστι τὸ ἴδιον ἐνέργημα· τὰ δὲ ἄλλα ϰατὰ μέθεξιν, ὡς τὸ νοεῖν ϰαὶ προνοεῖν. »

Si l’on peut tenir ce langage d’une âme divine qui, au-dessus d’elle, n’admet que des intelligences divines et, enfin, l’Être et le Souverain Bien, à plus forte raison pourra-t-on le tenir d’une âme située à un degré plus humble de la hiérarchie. En toute opération d’une telle âme, nous ne devrons pas seulement voir sa propre causalité, mais encore et surtout la causalité de toutes les substances dont elle dérive ; et ces substances ne seront pas seulement le souverain Bien, l’Être, les intelligences ; ce seront encore des âmes plus hautement placées dans la hiérarchie.

Dans toute opération d’une âme de la troisième catégorie, d’une âme partielle, nous ne devrons pas chercher seulement l’action propre de cette âme, mais aussi et surtout l’action de l’âme de seconde catégorie dont elle est issue, en même temps que beaucoup d’autres âmes particulières. Cette âme de seconde catégorie, à son tour, ne fait rien sans coopération de l’âme divine qui l’a produite, en même temps qu’elle a produit beaucoup de ces âmes intermédiaires. « Toute âme divine[1] commande donc à un grand nombre de ces âmes qui, sans cesse, sont à la suite des dieux, mais à un nombre plus grand encore de ces âmes qui ne reçoivent cette place que de temps à autre. — Πᾶσα ἄρα θεία ψυχὴ πολλῶν μὲν ἡγεῖται ψυχῶν τῶν ἀεὶ θεοῖς ἑπομένων, πλειόνων δὲ ἔτι τῶν ποτὲ τὴν τάξιν ταύτην δεχομένων ».

  1. Procli Op. laud., CCIV ; éd. 1822, pp. 304-307 ; éd. 1855, p. CXV.