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LES DIMENSIONS DU MONDE

extérieur du même orbe. Ce dernier rayon, ainsi connu, est précisément égal au rayon intérieur du ciel de Vénus, dont le rayon extérieur pourra maintenant être calculé. De proche en proche, cette méthode fera connaître les rayons de toutes les surfaces sphériques qui séparent les unes des autres les diverses orbites, jusqu’au rayon de la sphère qui limite intérieurement le ciel des étoiles fixes ; là seulement son pouvoir prendra fin.

Une particularité bien remarquable de cette méthode, c’est qu’elle comporte une vérification. Prenant pour point de départ la plus grande distance de la Lune à la Terre, déterminée par Ptolémée, elle conduit à évaluer la plus petite et la plus grande des distances du Soleil à la Terre. Mais ces dernières distances, d’autre part, se trouvent, directement déterminées, dans la Syntaxe mathématique. Si les nombres obtenus par ces deux méthodes si différentes se trouvent être les mêmes, nos astronomes n’auront-ils pas le droit de constater avec satisfaction une telle concordance, et d’y voir marquée la justesse de leurs hypothèses ?

Lorsqu’en 450, Proclus devint, à la tête de l’École d’Athènes, le Successeur (Diadoque) de Syrianus, cette théorie avait été imaginée et appliquée. Dans son Hypotypose, où il expose les hypothèses du système de Ptolémée, le Philosophe platonicien nous la fait connaître. Ce qu’il en dit[1] vaut d’être reproduit en entier.

« Nous avons déjà parlé de l’ordre et du rang des planètes. Quelques-uns croient l’avoir trouvé par le moyen des apogées et des périgées ; ils admettent que l’apogée de la Lune coïncide presque exactement (ἐγγύτατα συμϐαῖνον) avec le périgée de Mercure : que l’apogée de celui-ci concorde à son tour avec le périgée de Vénus, et l’apogée de Vénus avec le périgée du Soleil ; de là résulte d’une manière manifeste, selon eux, la place que ces astres occupent les uns par rapport aux autres. Ils prennent que la plus grande distance de la Lune à la Terre est égale comme on l’a démontré, à 64,10 rayons terrestres (64,10), et que la plus petite distance du Soleil égale 1160 rayons terrestres, dont l’excès sur 64,10 est 1096 à peu près. Supposant, d’abord, qu’il n’existe pas de vide dans l’Univers, mais que des sphères contiguës remplissent l’espace sans laisser entre elles aucun inter-

  1. Hypothèses et époques des planètes de C. Ptolémée et Hypotyposes de Proclus Diadochus ; traduites pour la première fois du Grec en Français par M. l’Abbé Halma, Paris. 1820. Hypotyposes de Proclus Diadochus, philosophe platonicien, ou représentation des hypothèses astronomiques, pp. 145-146. — Procli Diadochi Hypotyposia astronomicarum positionum. Edidiot Carolus Manitius, Lipsiæ, MCMIX, pp. 220-225.