Page:Duhem - Le Système du Monde, tome II.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
LES DIMENSIONS DU MONDE

grande distance de Vénus à la Terre est à peu près égale à celle du Soleil, en sorte que Vénus est voisine du Soleil ; de même, on démontre que la plus grande distance de Mercure est à peu près égale à la plus petite distance de Vénus, et que la plus grande distance de la Lune est à peu près égale à la plus petite distance de Mercure ».

Simplicius ajoute : « Les choses sont démontrées dans la Syntaxe de Ptolémée : le calcul en est fondé sur l’écart entre le centre de l’excentrique de ces planètes et le centre de la Terre ».

Comme l’a fait observer Giovanni Schiaparelli[1], ce passage laisse supposer que Simplicius ne lisait guère la Syntaxe ; qu’il en connaissait les théories par l’intermédiaire de l’Hypotypose de Proclus, « le maître de son maître » ; qu’enfin, il attribuait avec quelque imprudence à Ptolémée tout ce qu’il trouvait dans le livre du Diadoque. Il est possible également que Simplicius, ordinairement si bien informé de la bibliographie des questions qu’il examine, ait puisé ses renseignements à la même source que Proclus et que, de son temps, l’écrit où se trouvaient déterminées les distances des planètes fût attribué à Ptolémée et regardé comme un appendice à la Syntaxe.

Le dernier éditeur de l’Hypotypose de Proclus, M. C. Manitius, prête à Proclus même une opinion semblable à celle que nous venons d’entendre émettre par Simplicius ; seulement, Proclus nommerait les Hypothèses des planètes de Ptolémée, tandis que Simplicius désigne la Syntaxe. Voici ce qu’écrit M. Manitius[2] :

« Déjà, au commentaire sur le Timée, Proclus a donné, du problème en question, un exposé pénétrant qui, mieux encore [que l’exposé de l’Hypotypose], permet de reconnaître son point de vue. Là, il indique à quelle source il a puisé. Dans la Syntaxe [dit-il], Ptolémée, conduit par un examen judicieux et par la vraisemblance, a assigné au Soleil la place du milieu parmi les sept astres errants. Mais ensuite, dans les Hypothèses, il expose une détermination numérique des distances de Mercure et de Vénus, bien qu’ici encore, il n’exprime pas son opinion d’une manière entièrement déterminée (Stelle er in den Hypothesen, ohne sich jedoch auch hier mit rechter Bestimmtheit zu äussern, eine zahlengemässe Berechnung der Entfernungen des Merkur und der Venus an). »

  1. Giovanni Schiaparelli, in : Al -Battani sive Albatenii Opus latine versus, adnotationibus instructif a Carolo Alphonso Nallino. Pars prima, Mediolani Insubrum, 1903, nota, p. 289.
  2. Procli Diadochi Hypotyposis astronomicarum positionum. Edidit Carolus Manitius. Lipsiæ, MCMIX. Anmerkungen, p. 305.