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CHAPITRE IX
LES DIMENSIONS DU MONDE

I
LA MESURE DE LA TERRE. ÉRATOSTHÈNE

Nous avons retracé le tableau des efforts par lesquels la Science hellène s’est efforcée de construire une théorie des mouvements célestes. Cette théorie n’a aucun égard aux dimensions du Monde. Dans un Monde qui serait plus grand ou plus petit que le nôtre, mais qui lui serait parfaitement semblable, les mouvements célestes seraient semblables à ce qu’ils sont dans le nôtre.

Il est clair que les Anciens n’ont pas été seulement curieux de connaître la figure du Monde et la forme de ses mouvements : les grandeurs de la Terre et des divers corps célestes, les valeurs des distances qui nous séparent des divers astres n’ont pas moins vivement excité leur désir de connaître. Nous allons passer rapidement en revue, dans ce Chapitre, les tentatives qu’ils ont faites pour évaluer les dimensions du Monde.

La mesure de la grandeur de la Terre dut se poser en problème essentiel dès là que la Terre eût été reconnue sphérique ; de bonne heure, les astronomes grecs surent donner, de ce problème, une solution qui ne s’écartât pas trop grossièrement de la vérité.

La plus ancienne mesure de la Terre qui nous soit connue nous est rapportée par Aristote. Celui-ci nous dit[1], en effet : « Les

  1. Aristote, De Cœlo, lib. II, cap. XIV (Aristotelis Opera, éd. Didot, t. II, p. 410 ; éd. Bekker, vol. I, p. 298, col, a).