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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


no 1095), Victor Cousin a découvert [1] un commentaire du Timée ; l’auteur n’était pas nommé ; mais Cousin n’a pas hésité, à l’aide d’indices nettement reconnaissables, à l’identifier avec l’auteur du De Philosophia Mundi libri quatuor, que l’on croyait généralement être Honoré d’Autun ; aussi la Patrologie latine a-t-elle insérée dans les œuvres d’Honoré d’Autun [2] la partie de ce commentaire que Cousin avait publiée.

Il va sans dire que c’est d’après la traduction de Chalcidius, et non d’après le texte grec, que cette glose a été rédigée. Guillaume de Conches nous rapporte ce qu’on croyait, en son temps, au sujet de l’origine de cette traduction et du commentaire qui l’acl’accompagne. Le Timée de Platon, dit-il [3], « demeura ignoré des Latins jusqu’au temps du pape Osius ; celui-ci savait que ce dialogue contenait beaucoup de choses utiles et non contraires à la foi ; il pria donc son archidiacre Chalcidius, qui était versé dans les deux langues, de la traduire du Grec en Latin. Chalcidius, obéissant à l’autorité du Pape, traduisit les premières parties du Timée ; mais ne sachant si sa traduction plairait ou non à Osius, il lui envoya ces premières parties afin que le Pape pût en juger et qu’au cas où elles lui plairaient, Chalcidius pût aborder plus hardiment les autres parties. Comme les premières parties étaient difficiles à comprendre, Chalcidius composa un commentaire à leur sujet et, avec la partie traduite et le commentaire, il envoya au Pape une lettre… ».

Cette légende, qui fait du commentaire de Chalcidius l’œuvre d’un archidiacre entreprise sur l’invitation d’un pape, explique la confiance avec laquelle les écoles chrétiennes accueillaient cet écrit.

Le Commentaire au Timée est-il le seul ouvrage que Guillaume de Conches ait composé avant le Περὶ διδαϰέων ? « Ce dernier ouvrage lui-même, a écrit Victor Cousin [4], n’était qu’un abrégé de la Magna de naturis philosophia, où Guillaume de Conches avait traité fort au long de toutes les matières que la Philosophie embrassait de son temps ». Cette Magna de naturis philosophia aurait été, dit-on, imprimée en 1474. En réalité, aucun chercheur moderne n’a pu trouver trace de cet ouvrage, ni sous forme impri-

1. V. Cousin, Fragments philosophiques, Philosophie scholastique. Seconde édition, i84o. Appendice, V, pp. 371-391.

2. Honorii Augustodunensis Opéra accurante Migne (Patrologioe latines t. CLXXII), coll. 245-261.

3. V. Cousin, Op, laud., pp. 377-378 — Hokû ? h Augustodunensis Opéra, coll. 247-248.

4. V. Cousin, Op. laud., p. 426.

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