qui se trouve auprès d’un navire peut être entraîné par ce navire,
bien qu’il ne soit pas dans le navire ; de même le Soleil, qui est
léger et de nature ignée, peut être entraîné par le firmament sans
en faire partie. »
Nous venons d’entendre Guillaume de Conches citer le nom d’Helpéric. Ce nom, il le répète en une autre circonstance. « Si vous voulez, dit-il [1], connaître les raisons des noms qui ont été donnés aux signes du Zodiaque, lisez Helpéric ».
Au temps de Guillaume de Conches, le traité sur le calendrier, composé par Helpéric, était certainement classique et propageait dans les écoles la théorie stoïcienne du mouvement des planètes.
La théorie qu’Helpéric soutient au sujet du mouvement rétrograde des astres errants était également connue, nous l’avons vu, du Pseudo-Bède ; celui-ci l’attribuait « à Aristote et aux Péripatéticiens », attribution qui semble lui avoir été suggérée par un passage de Chalcidius ; c’est vraisemblablement aussi à Chalcidius qu’Helpéric avait emprunté cette’théorie ; il l’adoptait, d’ailleurs, tandis que le Pseudo-Bède la condamnait, tout comme nous venons de l’entendre condamner par Guillaume de Conches.
Les connaissances astronomiques de Guillaume de Conches offrent bien des confusions et des obscurités. Cet auteur sait, par exemple, que le Soleil et les autres astres errants décrivent des trajectoires excentriques à la Terre ; mais il a les idées les plus fausses sur la position de leurs absides ; il croit, par exemple, que le Soleil passe au périgée tandis que nous sommes en été, et il attribue la chaleur plus grande qui règne en cette saison à la diminution de la distance entre le Soleil et la Terre : « Nous et nos antipodes », dit-il [2], « nous avons en même temps l’été, l’hiver et les autres saisons de l’année, mais lorsque nous avons le jour, ils ont la nuit, et inversement. En effet, l’été est causé par la proximité du Soleil, l’hiver par son éloignempnt, le printemps et l’automne par une distance moyenne… ».
Voici maintenant une doctrine en laquelle l’auteur du traité De Philosophia Mundi montre une plus exacte intelligence des écrits dont il s’inspire ; cette doctrine sera l’occasion d’un intéressant rapprochement entre le traité du Philosophe de Conches et le
1. Hirsaugiensis, lib. I ; De circulis cœlestibus, p. 3a. —Beda, lib. Il, col. 1 (Ici, ce texte n*a pas remplacé le nom d’Helpéric par quidam}. — Honorius, lib. Il, cap. XI : De zodiaco et unde dicatur ; col. 60.
2. Hirsaugiensis, lib. III, pp. 66-67. —Beda, lib. IV, col. 1167. — Honorius, lib. IV, cap. 1H : De habitatoribus ejus ; coll. 85-86.