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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/119

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


Soleil occupait, parmi les planètes, le rang du milieu ; puis il ajoute : « Vénus est quelquefois, bien que rarement, au-dessus du Soleil ». Il est difficile, croyons-nous, de ne pas voir en cette phrase une allusion [1] à la théorie d’Héraclide du Pont, si formellement admise par Scot Érigène, par le Pseudo-Bède et par Guillaume de Conches. Cette théorie.parait avoir compté de nombreux partisans durant le temps qui s’est écoulé depuis le règne de Charles le Chauve jusqu’au milieu du xiie siècle.

X

LA THÉORIE DES MARÉES AU XIIe SIÈCLE. L’INFLUENCE DE PAUL DIACRE. LES DISCIPLES DE MACROBE. ADÉLARD DE BATH. GUILLAUME DE CONCHES. GIRAUD DE BARRI

Un accroissement d’érudition n’est pas toujours un bienfait ; la connaissance d’un auteur nouveau peut être une source d’erreurs. Si Macrobe a suggéré aux Scolastiques d’Occident d’heureuses pensées touchant les choses de l’Astronomie, il n’a mis qu’obscurité et confusion dans ce qu’ils savaient du phénomène des marées.

Les plus anciens auteurs qui aient instruit la Chrétienté latine au sujet des marées lui avaient transmis des connaissances sommaires mais, en général, assez exactes. Saint Basile avait, en quelques phrases précises, marqué suivant quelle loi le flux et le reflux sont régis par le cours de la Lune ; Saint Ambroise avait mis en Latin le texte de Saint Basile, et Saint Isidore de Séville avait reproduit la version de Saint Ambroise.

Augustin l’Hibernais, et le Pseudo-Isidore qui s’en inspire, connaissent peut-être l’Histoire naturelle de Pline. Toujours est-il

1. H convient, d’ailleurs, d’être fort prudent avant d’affirmer qu’une phrase contient une allusion à cette théorie. Bède le Vénérable, par exemple, dans ses deux ouvrages intitulés De tempomm ratione et De ratione compati, parle des mouvements des planètes ; il répète textuellement ce qu’il a dit en son De natura rerum ; mais ily joint quelques lignes, qui sont, d’ailleurs, les mêmes en ces deux ouvrages ; dans ces lignes, on lit (a) : « Mercurius perpetao circa Soient discurrendo ». On pourrait, de ces mots, conclure que Bède faisait tourner Mercure autour du Soleil ; tout ce que nous savons des théories astronomiques de Bède, et le contexte même, démentiraient cette supposition ; les mots que nous venons de citer doivent s’interpréter comme l’afhrmation que Mercure, en sa marche, demeure toujours au voisinage du Soleil.

(a) Venerabilis Bed.f. De te.mporum ratione liber. Cap. VIII : De hebdomada { Venebabilis Bed.e Opérant accurante Aligne tomus I (Patrologiœ latinœte t. XC) col. 128|Venerabilis Bed.e De ratione cumputi liber, Cap. V : De hebdomada et septem plauelis ; éd. cit., col. 585.

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