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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/12

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L’INITIATION DES BARBARES

Isidore aime à indiquer les étymologies des termes qu’il emploie ; et quelles étymologies ! Voici[1] celle du mot cælum.

« Cælum vocatum eo quod, tanquam cælatum vas, impressa habeat stellarum veluti signa ; nam cælatum dicitur vas quod signistt eminentioribus refulget. »

N’allons pas, d’ailleurs, attribuer à la fantaisie de l’Évêque de Séville cette singulière étymologie ; il n’a fait que copier Saint Ambroise ; voici les propres paroles[2] de l’Évêque de Milan :

« Nam cælum, quod οὐρανός Græce dicitur, Latine, quia impressa stellarum lumina velut signa habeat, tamquam cælatum appellatur ; sicut argentum quod signis eminentibus refulget, cælatum dicimus. »

Saint Ambroise aggravait d’ailleurs son cas en donnant, en outre, l’étymologie d’οὐρανός : « Οὐρανός autem ἀπὸ τοῦ ὁρᾷσθαι dicitur ».

Nous reconnaissons ici une marque bien visible de l’influence exercée par Saint Ambroise sur Saint Isidore ; nous aurons occasion, dans un instant, de revenir à cette influence.

L’objet des Étymologies est, bien plus, de donner, à la façon d’un vocabulaire, la définition des termes techniques employés dans les diverses sciences, que d’exposer les doctrines qui constituent ces sciences ; aussi n’y trouve-t-on jamais la discussion de ces doctrines.

D’ailleurs, la pensée personnelle d’Isidore n’apparaît aucunement en ces vingt livres ; tout ce qu’il y donne, il l’emprunte à autrui, soit qu’il nomme son auteur, comme il le fait volontiers en citant un vers, soit qu’il n’indique point ses sources, ce qui a lieu le plus souvent lorsqu’il rapporte une théorie philosophique ou scientifique.

Pour réunir les renseignements cosmographiques ou astronomiques épars dans les Étymologies, il faut recourir à deux livres : Au troisième, qui traite de l’Arithmétique, de la Géométrie et de l’Astronomie ; au treizième qui traite du Monde, du Ciel et des éléments.

Ces connaissances cosmographiques, astronomiques et météorologiques, répandues en divers lieux de ses Étymologies, Isidore les réunit en un traité unique qu’il dédia à Sisebut, roi des Visigoths (612-621). Ce traité, que les manuscrits intitulent d’une

  1. Isidori Hispalensis episcopi Etymologiarum libri XX ; lib. XIII, cap. IV.
  2. Sancti Ambrosii Hexaemeron lib. II, cap. IV, 15 [Sancti Ambrosii Opera accurante Migne, tomi primi pars prior (Patrologiœ latinœ tomus XIV), col. 152].