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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/175

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


eurent pour maîtres ; nous ne nous étonnerons pas que les philosophes qui tinrent école à Chartres durant la première partie du xiie siècle se soient montrés avides de recueillir les enseignements de la science arabe, qu’ils aient eu commerce actif avec les traducteurs, qu’ils aient même incité leurs élèves à se faire traducteurs.

Leurs efforts pour prendre communication de la science que les Grecs avaient léguée aux Arabes furent couronnés de succès ; maint témoignage nous en donne l’assurance.

Abélard et ses contemporains ne connaissaient encore, de l’Organon d’Aristote, que les Catégories et l’Interprétation ; les Analytiques, les Topiques et les Sophistiques ne paraissent pas être parvenus jusqu’à eux. Or le manuel rédigé par Thierry de Chartres sous le titre d’Eptateuchon, et terminé en 1141, contient presque tout l’Organon, dont Thierry paraît avoir le premier fait usage [1]. En 1154, Gilbert de la Porrée, à son tour, citait ces traités.

Ce même Gilbert de la Porrée connaissait le Liber de Causis ; M. Berthaud, qui a mis ce fait en évidence [2], est allé jusqu’à supposer que Gilbert en fût l’auteur ; M. Baeumker [3] s’est élevé contre cette hypothèse ; il a remis en honneur la divination de Saint Thomas d’Aquin : Le liber de causis est formé de fragments remaniés de l’Elementatio theologica de Proclus. Bernard de Chartres et son frère Thierry ont également utilisé.cet ouvrage [4].

Les ouvrages de Logique et de Métaphysique traduits de l’Arabe n’étaient pas les seuls que recherchât la curiosité des philosophes de Chartres ; cette curiosité n’était pas moins ardente à recueillir les écrits de Mathématiques et d’Astronomie. L’Eptateuchon de Thierry nous le prouve, ainsi que certains manuscrits de la même époque conservés à Chartres Nous y trouvons la mention non seulement du De utilitatibus astrolabii de Gerbert et du De mensur a astrolabii d’Hermann Contract, mais encore d’ouvrages que Gerbert ne connaissait pas ou qu’il connaissait seulement de réputation, tels que les Tables, les Canons et le Planisphère de Ptolémée, tels encore que les Tables Kharismiennes.

Disons d’abord quelques mots de ces dernières tables et de leur. traducteur.

1. A. Clerval, Op. laud., pp. 244“245.

2. Berthaud, Gilbert de la Porrée et sa Philosophie, Poitiers, 1892 ; pp. 129-190.

3. Baeumker Archit) für Geschichte der Philosophie, Bd. X (Neue folge, Bd. Hï) p. 281.

4— A. Clerval, Op. laud., p. 261.

5. A. Clerval, Op. laud., p. 289.

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