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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/28

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L’INITIATION DES BARBARES

il prit la direction de l’école de Fulde ; en 822, il fut élu abbé de ce monastère ; en 847, il devint évêque de Mayence ; il mourut dans cette ville en 856.

Parmi ses nombreux écrits, se trouve un volumineux traité De l’Univers, en vingt-deux livres [1], qu’il composa au voisinage de l’an 844 et qu’il dédia « ad Ludovicum regem invictum Franciæ », c’est-à-dire à Louis-le-Germanique.

C’est vraiment la Science universelle que l’abbé de Fulde prétend embrasser dans cette indigeste compilation, qui commence par traiter de Dieu et de la Sainte Trinité, pour finir, comme les Étymologies d’Isidore de Séville, par l’art culinaire, les vêtements et les outils de jardinage.

Dans la préface qu’il adresse à l’Évêque Hemmon ou Haymon, Rhaban Maur s’exprime en ces termes [2] : « Selon l’usage des Anciens qui ont composé divers livres sur la nature des choses et les étymologies des noms et des verbes, il m’est venu à l’esprit de composer pour vous un petit ouvrage, dans lequel vous eussiez un écrit qui traitât non seulement de la nature des choses et des propriétés des mots, mais encore de la signification mystique de ces choses et de ces mots ».

Ces « Anciens, Antiqui », qui ont écrit De rerum naturis et De nominum atque verborum etymologiis, il semble bien qu’ils se soient presque exclusivement réduits, pour Rhaban Maur, à un seul homme ; et cet homme, les titres des ouvrages que lui attribue l’abbé de Fulde le désignent suffisamment : C’est Isidore de Séville.

Notre auteur s’inspirera donc constamment des deux traités fondamentaux d’Isidorus Hispalensis, les Libri XX originum seu etymologiarum, et le De natura rerum liber ; mais il en modifiera profondément l’esprit ; il en chassera la plupart des citations d’auteurs païens, la plupart des enseignements de la Sagesse profane ; en revanche, il y multipliera les explications allégoriques dont s’était gardé l’esprit plus positif de l’Évêque de Séville.

C’est ainsi qu’au sujet des divers cieux, Rhaban Maur se borne à comparer [3] les orbes multiples du firmament aux feuillets d’un livre, symbole tiré de la Sainte Écriture ; quant aux eaux supracélestes, elles représentent l’armée des anges.

Dans son Commentaire à la Genèse, Rhaban Maur donne des

  1. Beati Rabani Mauri De Universo libri viginti duo (B. Rabani Mauri, Fuldensis Abbatis et Moguntini Archiepiscopi, Opera omnia ; tomus V. — Ce tome forme le tome CXI de la Patrologie latine de Migne).
  2. Raban Maur, loc. cit., éd. cit, col. 12.
  3. Rabani Mauri De Universo lib. IX, cap. III : De cælo ; éd. cit., col. 263.