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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/285

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

témoins les traités que Monseigneur l’Évêque de Lincoln a composés sur l’arc-en-ciel, sur les comètes et sur d’autres sujets. »

Le mépris de Robert Grosse-Teste à l’égard des ouvrages d’Aristote ne fut peut-être pas aussi complet que Bacon le prétend ; nous avons, en effet, de l’Évêque de Lincoln, un exposé très concis, mais très substantiel, des huit livres de la Physique ; nous avons surtout, des Seconds analytiques, un Commentaire qui est demeuré classique pendant tout le Moyen Age. Il n’en est pas moins vrai que Grosse-Teste nous apparaît comme un esprit rebelle à l’emprise péripatéticienne, et singulièrement original lorsqu’il expose ses idées sur les diverses questions de la Métaphysique ou de la Physique.

Robert Grosse-Teste était, nous l’allons voir, fort soucieux des doctrines astronomiques. Il ne dédaignait même pas ce qui constituait, à cette époque, la seule application de l’Astronomie ; nous voulons parler de l’Astrologie ; du moins s’intéressait-il aux prédictions météorologiques qu’on pouvait, croyait-il, tirer de l’observation des astres.

On possède de lui [1] un petit écrit d’Astrologie météorologique, intitulé : De dispositione aeris secundum Linconiensem, ou encore : Forma practicæ judiciorum de dispositione aeris secundum Linconiensem, que l’imprimeur n’a pas compris, en 1514, dans la collection des opuscules de l’Évêque de Lincoln.

Ce très court opuscule commence en cés termes :

« Lorsque vous voulez pronostiquer la disposition de l’air à une certaine époque bien déterminée, il vous faut d’abord, à l’aide des laides, trouver le lieu précis de chacune des planètes à cette époque déterminée. Cela fait, vous noterez les témoignages que chacune d’elle a dans les signes [du Zodiaque], et vous porterez votre jugement par la planète qui a le plus de témoignages ; la planète qui aura le plus de témoignages sera celle, en effet, qui déterminera la distribution de cette époque.

» Exemple : Voici que je cherche les lieux des planètes pour la 646e année arabe achevée, c’est-à-dire pour l’année 1249 [2], au

1. Bibliothèque Nationale, fonds Iat., ms. n° 7443— Fol. 7, r°, incipit : Cum dispositionem aeris ad aliquem certum terminum pronosticare voiueris… Fol. 7, v°,. maxime si 3° aspectu aspexerit se in signis aquosis. Explicit forma practice judiciorum de dispositione aeris secundum Linconiensem. — Cet écrit a été récemment imprimé sous le titre : De impressionibus aëris sett de prognosiieatione dans : Ludwig Baur, Die philosophischen Werke der Robert G ras set este, Dischofs von Lincoln, p. 41 (Beitrage zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, Bd, IX, 1912).

2. Au lieu de 1249, le texte porte 1429 ; plus loin, la date 1249 se lit exactement. — Cf., éd. Ludwig Baur, p. 49*

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