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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/291

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


manquent à cette collection ; ce sont les deux traités De iride et De cormetis ; or, ces deux traités-là, Bacon les mentionne en un autre endroit [1], et les attribue formellement à Robert Grosse-Teste.

Les Opuscula publiés en 1514 sont-ils donc tous de l’Évêque de Lincoln ? Certains d’entre eux ne devraient-ils pas être attribués au franciscain Adam de Marsh ? Cette attribution n’expliquerait-elle pas quelques divergences entre ce que ces Opuscula enseignent des doctrines astronomiques et ce qu’on trouve en d’autres écrits de Robert Grosse-Teste ? Ce sont questions auxquelles nous n’essayerons pas de répondre ; jusqu’à plus ample informé, nous laisserons ces Opuscules à l’auteur que l’éditeur leur a donné.

Parmi ces Opuscules, il en est où l’on peut rencontrer diverses allusions, plus ou moins précises, aux théories d’Al Bitrogi.

Ainsi, dans son opuscule De natura locorum, l’Évêque de Lincoln nous apprend [2] que, « selon les mathématiciens, les rayons solaires brûlent plus ardemment les pays situés sous le tropique du Capricorne que les pays situés sous le tropique du Cancer, parce que le Soleil, lorsqu’il se trouve sous le Capricorne, est plus voisin de l’auge que lorsqu’il est sous le Cancer. » En donnant cette opinion comme particulière aux mathématiciens, l’auteur parait songer aux physiciens qui la déclarent inacceptable.

Un autre opuscule, intitulé Tractatus de inchoalione formarum, dessine [3] à grands traits une théorie cosmogonique où l’influence d’Alpétragius se laisse aisément deviner.

La lumière, selon cette théorie, est la première et la plus parfaite des formes corporelles ; elle a pour effet d’assimiler autant que possible les corps au sein desquelles elle se répand aux formes incorporelles supérieures, aux intelligences célestes ; elle les dilate donc et les raréfie autant que sa force le peut faire et que leur nature en est capable.

La lumière, également répandue dans toutes les directions et agissant sur la matière première, l’a façonnée selon la figure d’une sphère ; puis elle a raréfié au plus haut degré les parties extérieures de cette sphère, leur communiquant la perfection la plus grande dont la matière soit susceptible ; ainsi fut formé le firma-

1. Fratris Rogeri Bacon Compendium studii, cap. VIII ; éd. Brewer, p. 469.

2. Ruberti Linconiknsis Opuscula, éd. cit., fol. n, col. c. — Cette considération, empruntée à la Géographie de Ptolémée, se trouve, plus développée, au chapitre IV du Compendium sphœrœ de Robert Grosse-Teste ; nous y reviendrons en étudiant VOpus maj’us de Roger Bacon.

3. Ruberti Linconiknsis Opuscula éd. cit,, fol. ii, col. d, et fol. î2.

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