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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/30

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L’INITIATION DES BARBARES

mais le ciel empyrée, c’est-à-dire le ciel igné ou intellectuel ; il est ainsi nommé non pas à cause de son ardeur, mais à cause de sa splendeur. Aussitôt créé, il fut rempli d’anges. »

Cette phrase, fréquemment citée par les maîtres de la Scolastique, les habitua à nommer ciel empyrée ce ciel suprême, immobile, séjour des esprits bienheureux, dont Isidore de Séville, Bède et Rhaban Maur leur apprenaient l’existence.

La double influence d’Isidore et de Pline l’Ancien dirige les écrits du vénérable Bède. Ceux de Rhaban Maur ne s’inspirent guère que de l’Évêque de Séville. Celui-ci est, avec Bède, le conseiller scientifique de Strabus. Ce rôle prépondérant d’Isidore et de Pline caractérise, pour ainsi dire, toute une période du développement scientifique des Chrétiens d’Occident.

On le peut noter encore dans un traité du calendrier qui a été publié par Muratori [1].

Ce Liber de computo, qui précède, à titre de prologue, la copie d’une lettre de Saint Cyrille d’Alexandrie sur le temps où doit être célébrée la Pâque, a dû être composé vers l’an 810 [2].

Lorsque l’auteur parle des sept astres errants, il recopie [3] ce qu’Isidore en a dit dans ses Étymologies et répété dans le De natura rerum liber ; il cite de nouveau [4] Isidore lorsqu’il traite du Zodiaque. En revanche, lorsqu’il veut parler des éclipses de Lune et de Soleil, il commence en ces termes [5] : « Plinius Secundus, dans son bel ouvrage d’Histoire naturelle, en a donné la description suivante : … ».

Au temps où écrit Rhaban Maur, les Chrétiens occidentaux commencent à connaître d’autres auteurs qu’Isidore de Séville et Pline l’Ancien ; nous verrons que Jean Scot Êrigène puise à d’autres sources.

Mais Jean Scot nous apparaîtra comme un homme qui avance sur son époque ; il en est, au contraire, qui retardent sur leurs contemporains ; aussi, lorsqu’on veut, dans une Histoire de la Science, rapprocher les uns des autres les auteurs qui se ressem-

  1. Anecdota quœ ex Ambrosianœ bibliothecæ codicibus nunc primum eruit Ludovicus Antonius Muratorius. Tomus tertius (marqué par erreur quartus sur le faux titre). Neapoli, MDCCLXXVI. Typis Gajetani Castellani. Pp. 79 sqq : Liber de Computo.
  2. Muratori, Op. laud., p. 78.
  3. Liber de computo, cap. CXII : De septem sideribus errantibus ; éd. cit., p. 116.
  4. Liber de computo, cap, CVIII : De duodecim signis coeli, quæ currunt iu zodiaco circulo, qui circulus siguifer dicitur, hoc est sideralis cursus ; éd. cit., p. 114.
  5. Liber de computo, Cap. CXV : De eclipsi lunari et solari ; éd. cit., p. 118.