Aller au contenu

Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
301
L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS

Dans ce même ouvrage, se rencontre une autre indication intéressante. « Parmi les savants [1] avec lesquels il a été en rapport, Antoli cite, en effet, un grand savant chrétien, nommé Michel. Ce Michel lui donna plusieurs explications qu’il rapporte scrupuleusement à leur auteur « ne voulant pas se parer d’ornements » d’emprunt ». Selon une conjecture très vraisemblable de M. Sachs, le docteur cité par Antoli serait Michel Scot. »

« Antoli et Michel Scot [2] sont les deux principaux artisans de ce grand travail dont l’empereur Frédéric II fut le promoteur, et dont le résultat fut de donner aux Écoles de l’Occident une connaissance de l’encyclopédie aristotélique bien supérieure à celle que l’on avait eue jusque-là. »

L’œuvre principale d’Antoli ne fut cependant pas de répandre parmi ses coréligionnaires la connaissance de la Philosophie péripatéticienne car, de cette Philosophie, il ne traduisit que des traités de Logique ; ses goûts le portaient plutôt vers les sciences grand pour sembler condamnable à ceux qui s’adonnaient exclusivement à l’étude du Talmud. « Un rabbin contemporain, écrit Jacob [3], m’a blâmé, parce que je m’occupe de temps en temps, sous la direction de mon beau-père Samuel, d’études de Mathématiques, d’après des livres écrits en Arabe. Je lui ai répondu que je ne perds pas mon temps en m’occupant de ces études. »

Dans la préface de sa traduction des commentaires d’Averroès à la Logique péripatéticienne, « Jacob [4] nous apprend qu’il avait d’abord eu l’intention de se mettre aux traductions de Mathématiques et d’Astronomie, traductions plus difficiles et pour lesquelles on a besoin de beaucoup de livres et de plus de réflexion, mais que ses amis de Narbonne et de Béziers ont insisté pour qu’il leur fit la traduction des livres de l’Organon. »

Bientôt, cependant, Antoli put suivre son penchant vers la Science des astres, car nous le voyons donner, presque coup sur coup, la traduction de l’Abrégé de l’Almageste, par Averroès, traduction qu’il achève à Naples en 1235 ; celle de l’Almageste de Ptolémée, qu’il accomplit en 1236 ; enfin celle de l’Abrégé d’Astronomie d’Al Fergani.

L’Abrégé de rAbnageste, composé par Averroès, n’a jamais été mis en Latin, et la version hébraïque de Jacob d’Anatoli nous con-

1. Ernbst Renan, Op. laud., p. 583.

2. Ernest Renan, Op. laud., p. 586.

3. Ernest Renan, Op. laud., pp. 581-582.

4. Ernest Renan, Op. laud., p. 687.

  1. 1
  2. 2
  3. 3
  4. 4