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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/313

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


la dicte en Provençal, selon l’usage du temps, à un certain Jean de Brescia qui la transcrit. Ainsi fut faite la version qu’un manuscrit de la Bibliothèque nationale [1] conserve sous ce titre : Liber operationis tabulæ quæ nominatur saphea patris Isaac Arzachelis. À la fin de cette version se lisent ces indications : « Explicit liber tabulæ quæ nominatur Sapheapatris Isaac Arzachelis cum laude Dei et adjutorio ; translatum est hoc opus, apud Montem Pessulanum, de arabico in latinum, in anno domini nostri J. X. 1263, Profatio gentis Hebrœorum vulgarizante, et Johanne Brixiensi in latinum reducente. Amen ». Le manuscrit qui nous a conservé cette version l’a placée aussitôt après le traité de Guillaume l’Anglais ; cette association si naturelle était, sans doute, coutumière ; elle met en évidence le lien qui unit ces deux Marseillais, l’astronome chrétien et le rabbin.

Nous venons de voir Profatius suivre les traces de Guillaume l’Anglais ; en lui, nous allons rencontrer un continuateur de Robert l’Anglais.

Au moment où Maître Robert l’Anglais écrivait son Traité du quadrant, l’instrument dont il enseignait l’usage était, en son genre, le plus parfait que l’on connût ; il avait fait reléguer d’autres formes de quadrants ; les plus anciens manuscrits du livre de Robert portent en titre : Tractatus quadrantis secundum modernos [2]. Mais, bientôt, l’instrument décrit par Maître Robert subit le sort commun des appareils imaginés par l’industrie humaine ; les améliorations qu’il avait reçues appellent et font créer de nouveaux perfectionnements ; le quadrant qui était en vogue cède la première place, dans l’ordre de préférence des astronomes, à un nouveau quadrant, et l’ouvrage de Robert l’Anglais s’intitule maintenant : Tractatus quadrantis veteris.

L’appareil qui lui a ravi le titre de quadrans secundum modernos est celui dont Profatius s’occupe avec une sorte de prédilection [3].

Quels étaient les avantages de ce nouveau quadrant, Jacob ben Makir va nous le dire au préambule de son Ouvrage :

« Comme la connaissance de l’art astronomique ne peut être pleinement acquise sans l’aide des instruments, il a fallu que les

1. bonds latin, ms. no 7196.— Cette version a été publiée par L. Am. Sédillot (Supplément au traité des instruments astronomiques des Arabes, Paris, pp. 188-190).

2. Paul Tannery, Le Traité du quadrant de Maître Robert Anqlès (Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. XXXV, seconde partie, 1897, p. 58i).

3. Paul Tannery, Op, laud, } p. 58a. — Ernest Renan, Op, laud,) pp. 607- 616.

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