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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


lée une Théorie des planètes anonyme que nous avons trouvée dans un manuscrit de la Bibliothèque Nationale de Paris [1].

De cette Théorie, nous nous bornerons à extraire le passage suivant [2] :

« Le Soleil, au dire des philosophes, a deux mouvements… Le second mouvement du Soleil est de même grandeur que le mouvement de la sphère des étoiles fixes, c’est-à-dire qu’il est d’un degré en cent ans. De même, en effet, que, tous les cent ans, la sphère des étoiles fixes se meut d’un degré vers l’Orient ou vers l’Occident en tournant sur les pôles du Cercle des Signes, de même la sphère propre du Soleil se meut tous les cent ans d’un degré.

» Et remarquez bien qu’à partir du principe du Bélier, la huitième sphère se meut en avant, c’est-à-dire vers l’Orient, de huit degrés, et cela jusqu’au 22e degré ; puis elle revient sur ses pas et se meut de nouveau, à partir du principe du Bélier, en arrière, c’est-à-dire vers l’Occident ; elle se meut ainsi du même nombre de degrés, soit 8, puis elle retourne vers l’Orient ; c’est ce qu’on nomme le cercle d’accès et de recès. »

Nous trouvons ici, entre les diverses théories de la précession des équinoxes, la même inextricable confusion qu’en la Compilation de Léopold ; et cette confusion s’explique bien aisément ; Ptolémée, Al Fergani, Al Battani, Thâbit avaient émis ou rapporté, au sujet de la nature et de la durée de ce mouvement, des opinions nombreuses et contradictoires ; parmi tous’ ces avis divergents, les astronomes, encore bien novices, de la Chrétienté latine se trouvaient vite égarés.

Dans la première moitié du xiiie siècle, les Chrétiens d’Occident s’emparent, souvent avec naïveté, mais toujours avec une ardeur extrême, de tout ce que les traducteurs leur livrent de la science arabe et, par l’intermédiaire de celle-ci, de la science hellène ; il nous semble voir la saine curiosité d’un enfant dont l’intelligence est avide de connaître ; ce vif besoin de savoir, et d’employer aussitôt la science qui vient d’être acquise, nous l’avons reconnu dans Guillaume d’Auvergne, évêque de Paris, en Robert Grosse-Teste, évêque de Lincoln ; nous venons de le retrouver dans l’acti-

1. Bibliothèque Nationale, fonds lat., ms. 7.298. Incipit, fol. 107. col c. : Incestigantibus autem astronomie homines (sic) primo ponendam est punctos esse, et lineas, et circalos. — Desinit, fol. ni, col. d : Per tabulam facile potest cognosci atram sit ascendens uel descendens, et utrum in septentrionem vel meridiem, per ea que hic dicta sunt. Explicit theoricaplanetarum.

2. Ms. cit., fol. 107, col. <1.

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