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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


Campanus nous trace [1] un intéressant tableau des repas donnés par ce pontife.

Au « vénérable collège de ses chapelains », le pape fait servir, tout d’abord, une nourriture abondante (fecundæ dapes), Puis, aux convives assis à ses pieds, il propose un tournoi philosophique ; un problème est mis en discussion ; deux partis entrent vaillamment en lutte ; « l’agresseur presse fortement son adversaire en lui lançant les traits des arguments ; l’adversaire lui oppose courageusement les boucliers des réponses ». Enfin, réunissant les raisons données de part et d’autre, le pape ordonne à ceux qui l’entourent de définir la solution que la Philosophie impose au débat. « Ainsi, ajoute naïvement Campanus, ceux qui font profession de Philosophie trouvent à votre table bénie de quoi se refaire et le ventre et l’esprit — Habent itaque philosophiam professi de vestre mense benedictione quo vent-rem reficiant et quo mentem ».

Afin de marquer sa reconnaissance au pape qui a bien voulu l’admettre à ces agapes, Campanus lui fait humblement hommage d’un ouvrage qu’il a composé.

Mais que la dent des envieux n’aille pas déchirer ce don de sa pauvreté : [2] « À l’occasion des imaginations nouvelles que je tout d’abord mordre Ptolémée au sujet des démonstrations qu’il a données. Mes imaginations, qu’on trouvera ici, sont étroitement apparentées à ses démonstrations ; elles en sont comme les propres conclusions ; ce qu’on trouvera ici n’est que sous forme Mes imaginations ont donc pour solides fondements les démonstrations irréfragables du musicien Ptolémée (Hec igitur sunt super irrefragabiles démonstrations musiciens Ptholomei fundamentaliter solidata) ».

La lettre de Campanus sc termine par cette phrase : « Deinceps vero quale sit istud munus qualemque cernentibus utilitatem parturial est dicendum ».

Cette phrase nous marque assez que, de l’épitrc dédicatoire adressée à Urbain IV, nous ne possédons qu’un fragment. Ce qu’était l’ouvrage offert par Campanus, l’auteur allait nous le dire. Tout ce que nous en pouvons deviner aujourd’hui, c’est qu’il commentait, à l’aide de représentations et de figures, quelque partie du traité de Musique de Ptolémée. Nous ne croyons pas, d’ail-

  1. Ms. cit., fol. 175, ro.
  2. Ms. cit., fol. 175, vo.