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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/346

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L’ASTRONOMIE DES DOMINICAINS

Il existe un commentaire, une Ἐξήγησις sur le troisième livre de la Syntaxe, dont l’auteur est Nicolas Cabasilas. Le texte grec de ce commentaire a été publié à Bâle, en 1538, avec la Syntaxe et le commentaire de Théon d’Alexandrie[1]. La traduction latine n’en a jamais été imprimée ; elle est conservée, avec la traduction du commentaire de Théon, par certains manuscrits[2]. Mais Nicolas Cabasilas était évêque de Thessalonique au milieu du xive siècle[3] ; son commentaire n’est donc pas celui qu’a lu Albert le Grand.

D’autre part, Nicolas de Damas, dit Nicolas le Péripatéticien, mort vers le temps de la naissance de N. S. J. C., n’a pu commenter la Syntaxe.

Nous nous souvenons, à ce propos, de certains commentaires aux livres d’Aristote, que Michel Scot donnait comme composés par Nicolas de Damas et traduits par lui-même, mais dont Albert le Grand l’accusait, lui Scot, d’être l’auteur[4]. Michel Scot, faussaire impudent et ignorant de toute chronologie, n’aurait-il pas aussi composé des commentaires sur l’Almageste, et ne les aurait-il pas mis sur le compte de Nicolas le Péripatéticien ? N’aurait-il pas réussi, cette fois, à tromper la clairvoyance d’Albert ? Faute de documents précis et propres à nous tirer d’embarras, cette hypothèse nous paraît, du moins, plausible.

Dans ses écrits autres que le commentaire aux Sentences, Albert admet encore l’existence de dix orbes mobiles dont deux, dénués d’astres, se trouvent au-dessus de l’orbe des étoiles fixes. Mais il n’attribue plus au neuvième ciel le rôle que l’Écrit sur les Sentences lui donnait selon l’enseignement de Masciallah. Si deux sphères invisibles se trouvent au-dessus de la sphère des étoiles fixes, c’est que cette dernière se meut de trois mouvements distincts, du mouvement diurne et de deux mouvements lents.

Suivons, dans les divers traités d’Albert le Grand, l’exposé de cette doctrine.

Dans son commentaire à l’ouvrage apocryphe d’Aristote, De causis proprietatum elementorum, Albert revient[5] sur les divers

  1. Claudii Ptolemæi magnœ constructionis lib. XIII. Theonis alexandrini in eosdem commentar. lib. XI. grœce (edidit Simon Grynæus). Basileæ, apud Jo. Walderum, 1538.
  2. Bibl. Nat., fonds latin, ms. no 7264.
  3. Fabricius, Bibliotheca grœca, vol. X, pp. 25-30. Hamburgi, MDCCCVII.
  4. Vide supra, pp. 243-244.
  5. Alberti Magni De causis proprietatum elementarum liber primus, tract. I, cap. III.