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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/365

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

IV
UN DISCIPLE D’ALBERT LE GRAND : ULRICH DE STRASBOURG

Il est fort rare que les doctrines professées par Thomas d’Aquin touchant les systèmes astronomiques nous offrent le moindre reflet des doctrines d’Albert le Grand ; ses idées à ce sujet, Thomas ne les a pas empruntées à celui qui fut son maître ; il les a demandées à la lecture des auteurs anciens et à ses propres méditations.

De l’exemple de Thomas d’Aquin, il ne faudrait pas inférer que l’enseignement scientifique d’Albert le Grand eût trouvé peu de retentissement au sein de l’Ordre dominicain ; la vérité, en effet, est toute contraire. Déjà, nous avons vu Vincent de Beauvais enchâsser dans son Speculum naturale maint fragment de l’œuvre de son confrère ; nous allons trouver d’autres exemples de l’influence qu’Albert le Grand a exercée, au xiiie siècle, sur la science astronomique des Dominicains, en étudiant successivement les écrits d’Ulrich de Strasbourg et de Bernard de Trille.

Ulrich, fils d’Engelbert[1] (Udalricus Engelberti) ou Ulrich de Strasbourg (Udalricus de Argentina) était frère prêcheur.

En 1272, le chapitre général de Florence releva de sa charge le prieur de la province d’Allemagne afin qu’il pût aller enseigner les Sentences à Paris ; à ce prieur, le chapitre donna comme successeur Ulrich de Strasbourg.

En 1277, le chapitre général de Bordeaux releva, à son tour, Ulrich de ses fonctions de prieur et le désigna pour enseigner les Sentences à Paris ; mais Ulrich mourut en arrivant dans cette dernière ville, avant d’avoir pu inaugurer ses leçons.

Ce dernier renseignement nous est donné, au prologue de sa Summa confessorum, par Jean de Fribourg ou de Freiberg (Johannes de Friburgo) qui avait été disciple d’Ulrich.

Avant d’être prieur de la province d’Allemagne, Ulrich, au rapport de Jean de Fribourg, enseignait à Strasbourg ; c’est au cours de cet enseignement qu’il composa un volumineux ouvrage en huit livres intitulé : Tractatus de summo Bono ou encore : Summa de' Theologia et Philosophia. Un exemplaire manuscrit de cet ouvrage,

  1. Sur ce personnage, voir : Quétif et Échard, Scriptores ordinis prœdicatorum, t. I, pp. 355-358 — B. Hauréau, Notice succincte sur Ulrich de Strasbourg (Histoire littéraire de la France, t. XXVI, i8y3, p. 575).