Au-dessus de la sphère des étoiles fixes, il mettait deux sphères sans astre, la neuvième et la dixième. La huitième sphère avait pour mouvement propre, à son gré, le mouvement d’accès et de recès. Le mouvement propre de la neuvième sphère était une rotation, continuellement dirigée d’Occident en Orient, autour des pôles de l’écliptique. Enfin la dixième sphère était le premier mobile, animé du mouvement diurne. Les mouvements de ces deux dernières sphères se transmettaient, d’ailleurs, à la huitième sphère et se composaient avec le mouvement propre de celle-ci.
Cette hypothèse est identique à celle que les auteurs de la version latine des Tables Alphonsines admettaient vers le même temps.
C’est en faveur de cette hypothèse que Bernard de Trille va se prononcer nettement, et à plusieurs reprises ; il aura soin, d’ailleurs, d’en attribuer la paternité à Albert le Grand.
Nous avons dit qu’en sa première leçon sur la Sphère, il examinait successivement trois sujets : Le nombre des cieux, leur mouvement, enfin leur genre et leur nature. Le premier sujet donnait lieu à six questions dont la première était ainsi libellée[1] :
« En quel nombre les sphères sont-elles ? Il semble qu’il y en ait seulement huit, car, en plusieurs endroits, le Philosophe donne à la sphère des étoiles fixes le nom de sphère ultime. Il semble même qu’il y en ait seulement sept, car Rhaban Maur n’en admet pas davantage.
» À l’encontre de ces opinions s’oppose ce qui est dit dans le texte. »
À cette question, voici comment répond notre auteur :
« Il y a, à ce sujet, des opinions multiples.
» Certains n’ont admis qu’un ciel unique ; ils ont assuré qu’un seul corps continu s’étendait depuis la surface convexe du ciel ultime jusqu’à la surface concave de l’orbe de la Lune. Il est vrai que dans l’Écriture Sainte, on rencontre, à plusieurs reprises, l’expression cæli cælorum ; mais, selon Saint Jean Chrysostome, qui semble avoir adopté l’opinion dont nous parlons, cette manière de parler tient à une particularité de la langue hébraïque, en laquelle le mot ciel ne se peut ordinairement exprimer qu’au pluriel ; de même, en Latin, trouve-t-on plusieurs noms qui manquent de singulier.
» Mais cette opinion ne se peut soutenir. Sur un même centre, et par l’effet d’un même moteur, un corps continu unique ne peut
- ↑ Ms. cit., fol. 69, coll. a, b, c, d.