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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/420

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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS

Le problème de la réforme du calendrier ne peut être résolu si l’on ne connaît la loi de précession des équinoxes ; Roger Bacon se montre donc, comme Robert Grosse-Teste, vivement préoccupé de la théorie de ce mouvement ; mais, pas plus que son maître, il ne parait avoir arrêté son choix sur l’une des formes que cette théorie avait successivement revêtues.

Parfois, nous le voyons admettre [1], aveG Ptolémée, que la sphère des étoiles fixes accomplit une révolution complète en 36.000 ans. Ailleurs [2], il suppose que l’équinoxe avance seulement d’un jour en cent-vingt ans ; « c’est », ajoute-t-il, « l’opinion qui semble, de nos jours, la mieux prouvée ».

Il connaît, aussi, le mouvement oscillant que Thàbit ben Kourrab a proposé de substituer au mouvement de précession imaginé par Hipparque et Ptolémée ; en faveur du système de Thâbit, il donne [3] même un argument dont nous reparlerons tout à l’heure.

Il paraît ignorer, d’ailleurs, que certains astronomes aient proposé d’admettre simultanément le mouvement de précession et le mouvement de trépidation. Par deux fois [4], il cite les Tables de Tolède où, conformément aux doctrines de Thâbit et d’Al Zarkali, le mouvement de trépidation est le seul qui se compose avec le mouvement diurne pour déterminer le déplacement des étoiles ; mais, il ne semble pas connaître l’hypothèse admise par les Tables Alphonsines, qui font coexister le mouvement de trépidation avec le mouvement de précession admis par Hipparque et par Ptolémée.

La sphère des étoiles fixes n’est donc animée que de deux mouvements, savoir le mouvement diurne et un autre mouvement très lent ; celui-ci est ou bien le mouvement de précession admis par Hipparque, Ptolémée et Albatégni, ou bien le mouvement de trépidation imaginé par Thàbit et Al Zarkali. Partant, au-dessus de la huitième sphère, qui porte les étoiles, Bacon n’a besoin d’admettre qu’une seule sphère mobile, la neuvième. À la vérité, il parle d’une dixième sphère [5]. Mais il nous rappelle [6] que « les théologiens, aux Livres des Sentences et dans leurs traités sur les Livres des Sentences, s’inquiètent de savoir si les cieux sont continus ou discontinus, quel en est le nombre, surtout à cause du neuvième ciel et du

1. Rogeri Bacon Opus tnajus, éd. Jebb, p. 112 ; éd. Bridges, vol. I, p. 181.

2. Rogeri Bacon Opus majus, éd. Jebb, p, 173 ;éd. Bridges, vol. I, p. 275.

3. Rogeri Bacon Opus majus, cd. Jebb, p. 120 ; éd. Bridges, vol. I, p. 192.

4. Rogeri Bacon Opus mctjus, éd. Jebb, p, 123 et p. 187 ; éd. Bridges,vol. I, p. 19.5 et p. 298.

5. Rogeri Bacon Opus majus, éd. Jebb, p. i44 • éd. Bridges, vol. I, p. 229.

6. Rogeri Bacon Opus majus, éd. Jebb, pp. ii2-ii3 ; éd. Bridges, vol. J, pp. 181-182.

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