Aller au contenu

Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/505

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
498
L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


la Terre, comme on le voit en l’Almageste ; l’orbe déférent n’est donc pas concentrique aux [surfaces internes des] orbes qui assurent la révolution diurne, c’est-à-dire de l’orbe inférieur et de l’orbe supérieur ; il faut, dès lors, attribuer à Mercure au moins cinq orbes, un orbe déférent et quatre orbes assurant les révolutions.

» Outre les orbes dont nous venons de parler, il faut encore imaginer des épieycles, qui sont des orbes n’entourant pas la Terre, mais de petits orbes situés dans l’épaisseur d’orbes qui entourent la Terre… Quoiqu’il en soit, d’ailleurs, de ces épicycles, le nombre des cieux mobiles qui entourent la Terre est vingt-cinq, savoir les vingt-trois orbes des planètes, puis le huitième ciel et le neuvième ciel. »

L’auteur scotiste sait que le centre du déférent de la Lune tourne autour de la Terre ; il aurait donc dû, comme Bernard de Verdun, attribuer à la Lune une quatrième orbite concentrique au Monde, ce qui eût porté à vingt-quatre le nombre des sphères des planètes. Quoiqu’il en soit, d’ailleurs, de cette omission, nous pouvons remarquer que cet auteur considère un neuvième ciel, mais point de dixième ciel ; il n’adopte donc pas encore les hypothèses des astronomes alphonsins ; ceux-ci, en effet, attribuent à trois cieux distincts les mouvements des étoiles fixes, qui éprouvent à la fois la précession découverte par Hipparque et la trépidation imaginée par Thâbit ben Kourrah.

L’influence du Tractatus super totam Astrologiam de Bernard de Verdun détermina sans doute, dans l’ordre de Saint François, un plus vif attrait vers l’étude des mouvements célestes, et une plus grande faveur pour le système de Ptolémée, qu’une interprétation mécanique nouvelle rendait acceptable aux philosophes. De ces tendances, le Scriptum parisiense et les Reportata de Duns Scot nous ont apporté le témoignage. Il est vraisemblable, d’ailleurs, qu’elles ne demeurèrent point confinées dans les couvents franciscains, qu’elles se firent sentir au dehors et qu’elles sollicitèrent l’attention des maîtres de l’Université de Paris.

Cette prévision nous sera bientôt confirmée par des textes nombreux, précis, qu’ont écrits, à des dates bien déterminées, des auteurs connus. Ces textes nous permettront de suivre les progrès et le triomphe des doctrines de Ptolémée au sein de FUniversité de Paris.