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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/51

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CHAPITRE III
LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE

I
DES ÉCRITS GRECS OU LATINS QUE CONNAISSAIT JEAN SCOT ÉRIGÈNE

Ce fut un événement d’une extrême importance en l’histoire de la pensée chrétienne d’Occident, lorsqu’en 827, l’Empereur de Constantinople, Michel le Bègue, envoya à Louis le Débonnaire les écrits dont on confondait l’auteur avec Denys l’Aréopagite, disciple immédiat de Saint Paul ; dans ces écrits, le sentiment le plus affiné et le plus précis de l’orthodoxie catholique s’unissait à la plus élevée des philosophies platoniciennes ; aussi l’œuvre du Pseudo-Aréopagite allait-elle exercer, sur la Théologie des Latins, une influence comparable à celle qui émanait des traités de Saint Augustin.

Pour que l’influence de ces livres, écrits en langue grecque, pût se répandre, pleine et libre, dans la Chrétienté d’Occident, il fallait qu’ils fussent traduits en latin : Charles le Chauve le comprit ; il confia la traduction des œuvres de Denys l’Aréopagite à son philosophe habituel[1] . De ce philosophe, le génie nous est révélé par les écrits qu’il a composés ; mais de sa vie, nous ne

  1. Louis le Débonnaire, suivant l’opinion qui identifiait Saint Denys l’Aréopagite avec Saint Denys, évêque de Paris, fit déposer les ouvrages envoyés par Michel le Bègue à l’abbaye de Saint-Denis. Il demanda à Hilduin d’écrire une vie du patron de cette illustre abbaye, vie qui fut intitulée Areopagitica. Il paraît certain qu’Hilduin avait, avant Scot Érigène, traduit les œuvres du Pseudo-Aréopagite ; mais cette traduction n’eut aucune vogue ; nulle part, on ne la trouve citée.