faute, attribue à la longueur du diamètre terrestre, il le regarde
aussi [1] comme mesurant la distance qui sépare la Lune de la surface
de la Terre. C’est une évaluation qu’il emprunte à Pline ;
mais tandis que Pline se bornait à la mettre sur le compte de
Pythagore, Jean Scot Érigène croit bon d’affirmer qu’« elle est
déduite, sans aucune erreur, de l’observation des éclipses de
Lune ».
En poursuivant la lecture du grand traité de l’Érigène, nous trouvons [2], sur la distance de la Terre à la Lune, au Soleil et aux étoiles fixes des évaluations qui semblent apparaître pour la première fois dans la Science chrétienne ; comme celles dont Censorins, Pline et Martianus Capella nous ont gardé le souvenir, ces évaluations sont tirées de considérations sur l’harmonie des sphères.
Dans l’échelle musicale que nous propose Scot Érigène, le diamètre terrestre représente un ton ; de la surface de la Terre au ciel des étoiles fixes, il doit y avoir une octave de six tons ou six diamètres terrestres ; le Sojeil partage cette octave en deux quartes de trois tons, en sorte que trois diamètres terrestres séparent le centre du Soleil de la surface de la Terre ; enfin un ton ou un diamètre terrestre s’étend de la surface de la Terre au centre de la Lune ; par ce calcul, les rayons de l’orbe lunaire, de l’orbe solaire et de l’orbe des étoiles fixes valent respectivement 3 fois, 7 fois et 13 fois le rayon terrestre.
Les nombres ainsi proposés par Jean Scot ne coïncident ni avec ceux de Censorinus, ni avec ceux de Pline, ni avec ceux de Capella ; nous pouvons donc hésiter au sujet de la source à laquelle notre auteur a puisé. Les écrits de Pline et de Capella étaient à la fois en sa possession ; entre leurs évaluations, il a dû adopter une sorte de compromis.
Lisant Pline, Jean Scot sait naturellement ce que Bède avait déjà lu dans cet auteur ; il sait que les astres errants ne demeurent pas toujours à égale distance de la Terre ; du moins écrit-il [3] que « la Lune est, parfois, un peu distante de la Terre, et cela quand elle se trouve dans le signe du Taureau ; c’est en ce signe, en effet, qu’est, pense-t-on, sa plus grande apside, c’est-à-dire la plus grande hauteur du cercle qu’elle parcourt ».
Venons au passage le plus important de toute l’Astronomie de Jean Scot.
En même temps qu’elles suivent leur cours, les planètes chan-
1. Jean Scot, lac. cit.t col. 716 et çol. 718.
2. Joannis Scqti Erigenæ Op. laad.t lib. fil, 34 ; éd. cit., coll. 722-723.
3. Joannïs Scoti Op. laud.t lib. III, 33 ; éd. cit., col. 717.