à l’écrit dont nous parlons, on ne se heurte plus aux invraisemblances
qui s’opposaient à ce qu’on en fit l’œuvre de Bède, Mais
l’opinion que l’on émet ainsi, dénuée de toute preuve positive,
contredit au témoignage même d’Honorius Scolasticus ; celui-ci, en
effet, dans son livre intitulé De luminaribus Ecclesiæ, énumère
les écrits qu’il avait composés, et la liste qu’il dresse ne contient
pas les De Philosophia Mundi libri quatuor.
Il est vrai que l’autorité de cette liste est, nous l’avons vu, fort douteuse. L’argument que nous venons de reproduire ne suffirait pas à rayer le De Philosophia Mundi de la liste des œuvres d’Honoré d’Autun si nous n’en connaissions par ailleurs le véritable auteur.
Les érudits qui se sont occupés de cet ouvrage ne paraissent pas avoir signalé l’édition qui en fut donnée, dès 1531, sous le nom du bienheureux Guillaume, abbé d’Hirschau.
Au xie siècle, Guillaume est religieux bénédictin au couvent de Saint-Emmeran de Ratisbonne ; en 1068, il est nommé abbé du monastère d’Hirschau, dans le diocèse de Spire ; son autorité a plus d’une lutte pénible à soutenir contre des religieux de mœurs dépravées, si nous en jugeons par une lettre que lui adresse Saint Anselme de Cantorbéry ; il meurt le 4 juillet 1091, laissant une grande réputation de philosophe, d’astronome et de musicien ; la sainteté de sa vie lui a mérité le titre de bienheureux.
En 1531, Henricpetri publia à Bâle, sous le nom de Guillaume d’Hirschau, un opuscule intitulé Institutiones philosophicæ et astronomicæ [1], que tous les historiens et bibliographes ont continué d’attribuer au correspondant de Saint Anselme. Or ces Institutions philosophiques et astronomiques sont identiques à l’écrit qui a été successivement attribué à Bède et à Honoré d’Autun.
1. Philosophicarum et astronomicarum institutionum Guilielmi Hjrsaugiensis olim. abbatis libri très. Opus vêtus et ruine primam evulgatam et typis commissam. Basileae excudebat Henricus Petrus, mense Augusto, anno MDXXXI. — Ce texte offre de légères variantes par rapport aux deux textes donnés par la Patrologia latina de Migne, l’un au t. XC, coll. 1127-1178 (Bed.e Opéra, t. I), l’autre au t. CLXXII, coll. 3g-i02 (Honorh Augustodunensis Opéra}. En outre, la partie qui, au premier de ces textes, termine l’ouvrage et commence à la phrase : Inconveniens esset si hominis corpus suus haberet actiones, anima vero non (col. 1176) ; la partie correspondante au second texte, partie qui commence à : Cap. XXX, Qaœ actiones sint animœ et corporis, ces deux parties, disons-nous, ne se trouvent pas à la fin de l’ouvrage attribué à Guillaume d’Hirschau ; après avoir subi quelques interversions, ce même fragment du texte a été inséré avant les Philosophicæ et astronomicæ institutiones, comme un opuscule distinct dont le titre est Guilielmi Hirsaugiensis abbatis Aliquot philosophicæ sententiæ, et primo de disciplina in studiis servanda.
Ces nombreuses divergences entre les trois textes que nous avons consultés nous oblige, en nos citations, à les invoquer tous trois. Nous les désignerons respectivement parles noms : Hirsaugiensis, Beda, Honorius.
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