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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/104

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L’ÉQUILIBRE DE LA TERRE ET DES MERS. — I

au contraire, provient soit d’un mouvement puissant de toutes les parties de la matière, soit d’un repos puissant de toutes ces parties…

» La forme qui donne sa perfection à l’essence de l’eau comprend beaucoup de parties denses et immobiles, mais peu de parties légères et mobiles. Au contraire, la forme qui donne sa perfection à l’essence de l’air comprend beaucoup de parties ténues et mobiles, tandis qu’elle en comprend peu qui soient denses et immobiles.

» Dès là que la forme qui achève l’essence de l’eau possède un grand nombre de parties denses et immobiles, cette eau est analogue à la terre par le froid, et le centre de l’eau se trouve au voisinage du centre de la terre. De même, dès là que la forme à laquelle l’essence de l’air doit sa perfection contient un grand nombre de particules ténues et mobiles, cet air est, par le chaud, analogue au feu, et le centre de l’air est proche du centre du feu…

» On voit clairement par cette considération que chacun des corps est analogue à un autre corps par une de ses dispositions naturelles et qu’il lui est contraire par une autre disposition. En vertu de la disposition naturelle qui oppose ces deux corps l’un à l’autre, les centres de ces deux corps sont distants ; ils sont rapprochés en vertu de la disposition naturelle qui, en ces deux corps, est analogue.

» Chacun de ces corps est subordonné au centre qui lui est spécialement assigné ; il demeure immobile autour de ce centre, sans aucun effort, sans être alors ni pesant ni léger…

» Lorsque les surfaces sphériques qui bornent les éléments sont bien ordonnées les unes à l’égard des autres, chaque élément réside à la place qui lui a été spécialement assignée ; ils s’entourent alors l’un l’autre, à la seule exception de l’eau ; la Sagesse divine, en effet, empêche l’eau d’entourer la terre de toutes parts ; en effet, si la sphère de l’eau enveloppait de tous côtés la sphère terrestre, elle rendrait impossible l’existence des animaux et des plantes à la surface de la terre. »

La figure sphérique de chacun des éléments n’a plus à se justifier par des raisons de Mécanique ; elle est une propriété directement conférée à ces éléments par le Créateur ; à chacun d’eux, Dieu a pu assigner le centre qu’il lui plaisait de lui donner ; il a donc pu, pour rendre possible la vie des plantes et des animaux terrestres, éloigner le centre de la sphère aqueuse