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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/133

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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

Campanus traite à deux reprises de la figure de la terre et des mers, d’abord dans sa Théorie des planètes, puis dans son Traité de la sphère.

« La sphère élémentaire, écrit, au premier de ces ouvrages[1], le chapelain d’Urbain IV, a pour faîte la surface où prennent fin les choses corruptibles et où commencent les choses incorruptibles. Elle se subdivise en quatre sphères qui sont celles des quatre éléments.

» La première est la sphère du feu, que la sphère de la Lune entoure de tous côtés et qui, elle-même, entoure de toutes parts les trois autres sphères.

» La seconde est la sphère de l’air qui entoure de toutes parts les sphères inférieures comme elle est elle-même, de tous côtés, entourée par la sphère du feu.

» La troisième est la sphère de l’eau ; son contour a été fendu par l’ordre de Dieu et, par la fente ainsi pratiquée, la terre s’est quelque peu soulevée.

» En effet, Dieu a donné l’ordre que les eaux situées sous le ciel se réunissent en un même lieu et que la terre ferme parût, afin que l’homme qui est, en quelque sorte, la fin [de la création], eût un lieu convenablement adapté à son habitation.

» Raisonnablement, donc, nous devons croire que la seule partie de la terre délaissée par les eaux est celle qu’exigeait l’usage de l’homme ; et comme, de l’avis général, un quart de la terre… est seul habité, il faut que les trois autres quarts de la terre soient recouverts par les eaux.

» La quatrième sphère est la sphère de la terre dont la surface convexe ne fait qu’un, du moins naturellement, avec la surface concave de l’eau… Ce que vous comprendrez facilement si vous imaginez que la masse entière de la terre ait été réduite à une forme véritablement sphérique ; elle se trouverait alors au milieu des eaux, complètement ensevelie par elles.

» Telle est la disposition naturelle de cette sphère terrestre. Le centre de cette sphère est aussi le centre de toutes les sphères susdites ; ce même centre les porte toutes d’une manière concentrique, tandis qu’au sein des sphères célestes, les cercles sur lesquels les planètes effectuent leurs mouvements sont excentriques. »

  1. Opus Campani de modo adæquandi planetas, sive de quantitatibiis motuum cælestium orbiumque proportionibus centrorumque distantiis ipsorumque corporum magnitudinibus. Cap. II. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7.298, fol. 149, col. a et b.