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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/138

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L’ÉQUILIBRE DE LA TERRE ET DES MERS. — I

a dit : Que les eaux se rassemblent en un même lieu et que la terre ferme apparaisse. Il en est ainsi afin que le salut des êtres animés soit assuré. »

L’auteur développe ensuite la démonstration donnée par Aristote, au second livre Du Ciel et du Monde, que la surface des eaux est sphérique.

Bernard de Trille, dans ses Questions sur la sphère de Joannes de Sacro-Bosco, ne proposera pas de solution nouvelle du problème relatif à la figure de la terre et des mers ; mais il passera en revue la plupart des solutions imaginées avant lui, sans t chercher, bien souvent, à décider entre elles ; par lui, nous saurons à quel point la question de la terre et de l’eau préoccupait ses contemporains et dans quelle hésitation embarrassée elle laissait les plus savants d’entre eux.

La seconde leçon[1] du traité de Bernard examine trois questions :

« Quelle est la forme de la partie suprême du Monde, qui est le ciel ?

» Quelle est la forme de la partie la plus basse, qui est la terre ?

» Quelle est la forme de la partie intermédiaire, c’est-à-dire des trois éléments qui suivent la terre ? »

La question relative à la figure de la terre se scinde, à son tour, en plusieurs sous-questions dont la première est ainsi libellée : La terre est-elle ronde ? « La terre, dit notre auteur[2], est ronde en sa totalité comme en chacune de ses parties ; en effet, les éminences et les dépressions qu’elle présente ne sont pas sensibles à l’égard d’une circonférence aussi grande que la sienne, comme on le voit par l’Image du Monde. » Bernard de Trille ne dédaignait pas d’emprunter des renseignements à des livres dont la science devait bien sembler un peu vieillotte aux disciples d’Albert le Grand et de Saint Thomas d’Aquin, mais dont la renommée ne se bornait pas au monde des clercs.

Une sous-question est consacrée[3] au « fondement de la terre. » Après avoir énuméré diverses théories qu’il rejette, Bernard de Trille écrit[4] :

« Laissons ces opinions et disons, avec le Philosophe, que la

  1. Questiones de spera edite a Magistro Bernardo de Trilia. Bibl. municipale de Laon, ms. no 171, fol. 72, col. d.
  2. Ms. cit., fol. 73, col. d.
  3. Ms. cit., fol. 74, col. d.
  4. Ms. cit., fol. 75, col. a.