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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/17

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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

» Un de ces préliminaires, c’est que tous les astres errants ont, en commun, une efficace sur les choses d’ici-bas ; que, cependant, parmi les astres errants dont les propriétés et vertus mènent les choses d’ici-bas, le Soleil et la Lune occupent le premier rang, et cela pour trois causes.

» La première, c’est la quantité de lumière qu’ils donnent.

» Sans doute les autres astres errants sont des corps lumineux ; ils meuvent les corps inférieurs par leur mouvement et par leur lumière ; mais ils n’émettent pas, sur les choses d’ici-bas, de rayons notables, ; ils ne font pas porter par ces choses d’ombres notables ; au contraire ces deux luminaires que sont le Soleil et la Lune meuvent par leur mouvement, par leur lumière et par leurs rayons ; aussi portent-ils ombre quand on fait obstacle à ces rayons à l’aide d’un corps opaque ; voilà pourquoi leur impression sur les choses d’ici-bas est très forte.

» La seconde cause, c’est la position qu’ils occupent parmi les astres errants.

» Bien que la Lune soit plus petite que tous les astres errants, sauf un, elle est cependant plus voisine que tous les autres des choses d’ici-bas ; en outre, elle est plus rapprochée de leurs natures ; aussi produit-elle en eux des changements. Voilà pourquoi les jours critiques se comptent suivant le cours de la Lune ; on la nomme reine du ciel, parce qu’elle gouverne toutes les humidités dès corps inférieurs ; les métaux, les plantes, les membres des animaux, l’œil, en particulier, dans la composition duquel la nature aqueuse entre en abondance, éprouvent de très grands changements, des accroissements et des diminutions selon le cours de la Lune.

» Quand au Soleil, Dieu lui a donné, parmi les astres errants, le rang du milieu ; il est comme un cœur qui, partout autour de lui, distribue des forces ; bien qu’il soit plus éloigné de nous que certains astres errants, il les surpasse tous en grandeur et en lumière ; aussi produit-il, dans les corps inférieurs, des changements et des mouvements très intenses.

» La troisième cause provient des propriétés et vertus que possède spécialement chacun de ces deux luminaires.

» La Lune, étant de propriété aqueuse, a pour rôle, par communauté de nature, de mouvoir tous les corps où dominent la terre et l’eau.

» Quant au Soleil, en qualité de source de la chaleur vitale, il fait bouillir ces humeurs ; en effet, il attire naturellement ce qui est humide et l’évapore en lui communiquant une chaleur