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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/22

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LA THÉORIE DES MARÉES

» Prima fait de aëre, et fuit utrum aëris rubedo de nocte apparens sit stgnum serenitatis. »

Des deux questions annoncées, la séconde vient un peu plus loin[1] ; elle est ainsi formulée : « La seconde question concernait l’élément de l’eau ; elle était la suivante : Est-ce que la mer flue et reflue ? — Secunda fuit[2] circa elementum aque, et fuit Utrum mare fluat et refluât, »

« Pour traiter de cette question, déclare l’auteur[3], il faut, tout d’abord, poser en principe, comme le dit Albert au livre De proprietatibus elementarum, que le Soleil, la Lune et les autres astres ont principat et possèdent domaine sur les choses d’ici-bas ; il est des actions qu’ils produisent par leur mouvement et par leur vertu ; mais il est d’autres actions qu’ils exercent par leurs rayons. Le Soleil et la Lune opèrent d’une façon manifeste sur les choses d’ici-bas ; [le Soleil] nous regarde davantage en été qu’en hiver, pendant le jour que pendant la nuit ; aussi la chaleur est-elle plus grande… »

Ce préambule précède un résumé de ce qu’Albert, dans son traité De causis proprietatum elementorum, avait dit du flux et du reflux de la mer. C’est donc là qu’à la fin du xiiie siècle, certains maîtres ès-arts de Paris, allaient puiser toute leur connaissance des marées.

Saint Thomas d’Aquin a fort peu parlé de la marée, mais il lui est arrivé d’émettre, à ce sujet, des réflexions qui ne répétaient aucunement les propos d’autrui.

Il n’y a pas grande originalité dans les quelques lignes qu’au sujet du flux et du reflux, contiennent les Commentaires aux Météores d’Aristote, « L’eau de la mer, lisons-nous dans ces Commentaires[4], se meut souvent dans un sens, puis dans un autre ; c’est surtout une conséquence du mouvement de la Lune, car, en vertu de sa nature particulière, cet astre a pour rôle de mettre en mouvement les choses humides ; dans une mer ample et vaste, cet ébranlement de l’eau n’est pas manifeste ; mais là où le resserrement des terres ne laisse à la mer qu’un étroit espace, ce mouvement devient plus apparent. » C’est dans son opuscule Sur les œuvres occultes de la Nature

1. Ms. cit., fol. 55, col. b.

2. Ici le texte porte le mot : utrum, qui doit être biffé.

3. Ms. cit., fol. 55, col. c.

4. S. Thomæ Aquinatis In libros meteorologicorum Aristotelis commentarla ; ilb. II, lect. I.

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