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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/258

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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

sées ; entre elles, se trouvent des marais, avec leurs canaux d’écoulement et leurs bas-fonds naturels ; dans ces marais, le ruissellement des eaux pluviales apporte, çà et là, du limon, du sable et de la terre ; ces endroits finissent par s’assécher ; alors les arbres, les plantes touffues, la végétation verdoyante y prospèrent. »

Pour construire leur Géologie, les Frères de la Pureté paraissent avoir mis à contribution, d’une part, la théorie des philosophes que combattait Théophraste et, d’autre part, l’enseignement de Straton de Lampsaque. De celle-là, ils tiennent, semble-t-il, l’idée que l’érosion produite par les eaux pluviales dégrade sans cesse les montagnes et finira par niveler la surface des continents. Celui-ci leur fournit la remarque que les dépôts d’alluvion exhaussent peu à peu le fond des mers et tendent à les combler. Dans ce dernier phénomène, ils voient un effet antagoniste du premier. Par la coexistence, de ces deux effets, les mers, pensent-ils, prendront la place des continents qui existent à présent et qui auront été entièrement nivelés avant d’être submergés ; mais à la place des mers actuelles, apparaîtront de nouveaux continents, dont la surface se hérissera de montagnes et de collines. L’action des eaux suffit donc à garder à la face de la terre un aspect perpétuellement changeant, mais aussi perpétuellement analogue à celui que nous voyons.


V
la géologie des arabes (suite). — le livre des éléments


Le Livre des éléments, que la Scolastique latine attribuait au Stagirite, mais dont l’origine arabe n’est pas douteuse, paraît destiné en grande partie à réfuter les doctrines des Frères de la Pureté ou des doctrines apparentées à celles-là. Les Frères de la Pureté avaient enseigné que les continents et les mers alternaient suivant une loi périodique et que la durée de la période était trente-six mille ans. Le Livre des éléments connaît cette doctrine et la réfute[1].

  1. Nous citons cet apocryphe d’après l’éditlon des Aristotelis Opera qui porte le colophon suivant : Impræssum (sic) est præsens opus Venetiis per Gregorium de Gregoriis expensis Benedicti Fontanæ Anno salutifere incarnationis Domini nostri MCCCCXCVI. Die vero XIII Julii.