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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/271

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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

tion. Nous l’avons dit : La cause de la corruption d’une foule d’êtres, c’est le mouvement par lequel ces astres s’éloignent ; le mouvement qui les rapproche est, pour ces mêmes êtres, cause de génération et de croissance. C’est une même disposition qui règle la destruction des diverses parties de la terre et de la mer ou la génération de ces parties. »

Le Commentateur nous rappelle ainsi que les changements des continents et des mers suivent la période de la Grande Année, qu’ils se trouvent réglés, comme tous les effets produits dans le Monde sublunaire, par les circulations célestes. Il nous empêche oublier qu’il n’est rien ici-bas dont la science ne soit, au gré du Péripatétisme, sous la dépendance de l’Astrologie.


VIII
LE DÉLUGE SELON SAINT ISIDORE DE SÉVILLE
ET SELON GUILLAUME DE CONCHES


Pour construire leurs théories géologiques, les physiciens du xiiie siècle pourront s’inspirer des doctrines grecques ou arabes, car bon nombre des textes que nous venons d’analyser leur seront connus ; mais ils pourront également s’inspirer de certains écrits composés avant eux au sein de la Chrétienté latine. Parmi ces écrits, il en est deux où ils trouveront certains renseignements intéressants.

Dans ses Étymologies, Saint Isidore de Séville consacre Aux déluges un chapitre[1] dont voici le commencement :

« Le déluge (diluvium) est ainsi nommé parce qu’il détruit (quod deleat) toutes choses dans un désastre causé par les eaux.

» Le premier déluge eut lieu sous Noë. Le Tout-Puissant, offensé par les crimes des hommes, permit aux eaux de recouvrir le globe terrestre en détruisant tout ; il n’y eut plus de place que pour le ciel et pour la mer.

» Nous en trouvons encore aujourd’hui des indices dans les pierres que nous rencontrons sur les montagnes les plus éloignées de la mer ; souvent, en effet, elles se montrent formées de coquilles et d’huîtres ; parfois, aussi, elles ont été creusées par les eaux. »

  1. Sancti Isidori hispalensis episcopi Etymologiæ, lib. XIII, cap. XXII : De diluviis.