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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/284

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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

envahissement de ce genre ; il le nomme il diluvio ; visiblement, il l’identifie avec le déluge dont parle la Genèse.

Que les eaux de la mer aient envahi la terre, produisant il diluvio, qu’elles aient alors engendré des montagnes sur le sol qu’elles submergeaient, notre auteur en trouve une preuve convaincante dans la présence d’ossements et de coquilles fossiles au sommet des monts ; cette preuve, Saint Isidore de Séville la donnait déjà ; mais Ristoro ne s’est pas contenté de lire les Étymologies ; il a observé et nous conte ses observations :

« En fouillant presque au sommet d’une très haute montagne, nous avons trouvé une très grande quantité d’os de ces poissons que nous nommons escargots et aussi de ceux que nous nommons coquilles ; celles-ci étaient toutes semblables à celles dont se servent les peintres pour y garder leurs couleurs. En ce lieu, se trouvait également une grande quantité de sable et des cailloux arrondis, gros ou petits, entremêlés de place en place comme s’ils eussent été déposés par un fleuve. C’est un signe certain que cette montagne a été faite par le déluge. Nous avons rencontré beaucoup de telles montagnes. »

Après avoir rapporté une autre observation du même genre, Ristoro poursuit : « Le déluge a pu également produire des montagnes sans y laisser ni sable ni os de poissons ; cela dépend de la nature du terrain que les eaux ont rencontré…

» Lorsqu’en une contrée, on découvre de ces montagnes où se trouvent du sable et des os de poissons, c’est un signe certain que cette contrée a été autrefois recouverte par la mer ou par des eaux analogues à la mer ; ailleurs que dans la mer, en effet, et particulièrement dans des fleuves de petit débit, on ne trouverait pas une quantité de sable aussi grande que celle dont sont formées ces montagnes qui contiennent des os de poissons. »

Cette dernière remarque ne semble plus empruntée au Traité des minéraux d’Avicenne ou au Speculum de Vincent de Beauvais, mais bien à Albert le Grand, qui écrivait : « La première cause de la formation des montagnes est l’alluvion et, surtout, l’alluvion marine ; les autres eaux, en effet, ne sauraient produire une alluvion bien considérable. » Cette phrase d’Albert était suivie de remarques sur la formation des dunes que Ristoro a presque textuellement reproduites et que nous avons citées tout à l’heure. Il est visible que le physicien d’Arezzo s’inspire de l’Évêque de Ratisbonne au moins autant que d’Avicenne.

C’est, en particulier, d’Albert qu’il tient le passage suivant :

« Le tremblement de terre, lui aussi, est une cause également