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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

matique du mouvement de la Terre[1] ; il la fit suivre d’une Adnotatio[2] où il discutait l’argumentation de Cabei.

L’opinion dont Guldin s’était fait le défenseur garda, longtemps encore, des partisans.

Après la mort de Leibnitz, on trouva dans ses papiers une dissertation à laquelle, de son vivant, il avait parfois fait allusion sans jamais la publier ; cette dissertation, qu’il avait intitulée Protogaea, était une tentative pour constituer la Géologie à l’aide de l’étude des terrains et des fossiles. Protogaea fut publiée à Gœttingue en 1749. Dans cet ouvrage, Leibnitz se demandait si, pour expliquer la présence des fossiles au sommet des montagnes, il faut admettre que la mer, jadis, atteignit ce niveau pour se retirer ensuite dans le lit qu’elle occupe aujourd’hui. « Cette hypothèse, considérée en elle-même, écrivait-il[3], souffre d’immenses difficultés. Ce qu’il nous faut plutôt examiner maintenant, c’est ceci : Qu’est-ce qui a fourni çette masse d’eau assez considérable pour submerger les montagnes, et où s’est-elle ensuite transportée, pour que la terre pût émerger ?

» Certaines personnes, suivant une opinion plus ingénieuse que sûre, tirent cet effet du seul changement du centre de la terre ; l’inclination des graves change ainsi de direction ; la surface de la terre demeure la même, mais l’altitude ou la dépression de chaque lieu se trouve modifiée, car cette altitude ou cette dépression n’est pas déterminée en elle-même, mais par rapport au centre.

» Cette opinion donnerait peut-être quelque lieu à la créance si les mers, d’une part, et les montagnes, d’autre part, résidaient en des parties différentes du globe, et ne se trouvaient pas entremêlées dans un même hémisphère. Toutefois, même en ce cas, on pourrait admettre une oscillation (vacillatis) du centre, successivement dirigée en divers sens ; en effet, il y aurait de toutes parts, de cette façon, alternative d’élévation et de dépression. »

Ainsi Leibnitz avait rencontré, vivante encore, la théorie géologique de Buridan ; fort justement il montre comment la

1. Paul Guldin, loc. cit., pp. 137-144.

2. Paul Guldin, loc. cit., pp. 144-148.

3. Sununi polghisioris Godefridi Guilielmi Leibnitii Protogaea due de prima fade telluris et antiquissimae historiae vestigiis in tpsis naturae monumentis dissertatio es schedis manuscriptis viri illuslris in lucem édita a Christiano Ludovico Scheidio, Goettingae sumptibus Ioh. Gull. Schmidil, Bibliopolae Universit. A. S. H. MDGCXXXXVIIH. cap. VI, p. 10. IX

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