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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

requis à ce que les autres mouvemens soient ou à ce que euls soient perceptibles.

Au quart, l’on peut dire que la vertu qui ainsi meut en circuite cette basse partie du Monde, c’est sa nature, sa forme ; et est ce même qui meut la Terre à son lieu quand elle en est hors, ou par telle nature comme le fer est meu à l’aymant.

D’autre partie, je demande à Aristote quelle vertu meut le feu, en son espère, de mouvement journal ; car l’on ne peut pas dire que le Ciel le traie ainsi ou ravice par violence, tant pource que tel mouvement est perpétuel, tant pource que la superficie concave est très polie, siçomme il fut dit au XIe Chapitre, et pour ce elle passe sur le feu très souef, sans fréer, sans tirer, sans bouter, sicomme il fut dit au XVIIIe Chapitre.

Et doncques convient dire que le feu est ainsi meu circulairement de sa nature et par sa forme, ou par aucune intelligence, ou par influence du Ciel.

Et semblablement peut dire de la Terre cellui qui met qu’elle est meue de mouvement journal, et le feu non.

Au quint, où est dit que, si le Ciel ne faisoit un circuite de jour en jour, toute Astrologie seroit faulse etc., je di que non, car tous regars, toutes conjuncions, toutes opposicions, constellations, figures et influences du Ciel seroient auxi comme il sont du tout en tout, sicomme il appert par ce que fut dit en la responce de la première expérience. Et les tables des mouvemens et tous autres livres auxi vrais comme ils sont, fors tant seulement que du Ciel selon apparence et en Terre selon vérité ; et ne s’ensuit autre effet de l’un plus que de l’autre.

Et à ce propos fait ce que met Aristote au XVIe Chapitre, de ce que le Solail nous appert tourner et les estoilles sintiller ou oscilleter, car il dit que si la chouse que l’on voit estre meue, ou si le voiement est meu de mouvement journal.

Au sixte, de la Sainte Escripture qui dit que le Solail tourne etc., l’on diroit qu’elle se conferme en ceste partie à la manière de commun parler humain, auxi comme elle fait en plusieurs lieux, sicomme là où il est escript que Dieu se repanti, et courroça, et rapesa, et telles chouses qui ne sont pas ainsi comme la lettre sonne.

Et meisme près de notre propos lisons nous que Dieu queuvre le Ciel de nues : Que operit celum nubibus. Et toutes voies, selon vérité, le Ciel queuvre les nues. Et ainsi diroit-l-on que le Ciel est meu selon apparence de mouvement journal et la Terre non ; et, selon vérité, il est au contraire.