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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/55

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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

raisonnablement que les flux et reflux seront, par là, plus grands en hiver qu’en été.

» Une autre cause vient en aide à cet effet. En hiver, la génération d’eau se fait plus loin du pôle nord qu’en été ; elle se produit donc plus près de nous, qui habitons autour de ce pôle et nous est plus notable.

» Cette augmentation du flux et du reflux trouve encore grand secours dans les eaux pluviales, qui sont, plus abondantes à cette époque ; ces pluies sont engendrées aux dépens des vapeurs que les rayons du Soleil, qui ne tombent point perpendiculairement, mais obliquement, font naître non seulement de la mer, mais encore des fleuves et des étangs.

» En outre, les vents soufflent davantage en cette saison qu’en toute autre ; or lorsque Le flux et le vent poussent simultanément vers quelque région, le flux s’y trouve accru et le reflux retardé ; si, au contraire, le flux et le vent se contrarient, le flux est plus faible et le reflux se fait sentir plus tôt…

» Aux causes susdites qui augmentent ou diminuent la marée, il faut encore joindre la remarque suivante : Lorsque la Lune est corporellement jointe avec quelque planète ou avec quelque signe humide, ou bien lorsqu’elle est en un certain aspect avec cette planète ou ce signe, les eaux sont accrues et multipliées ; elles sont diminuées, au contraire, lorsque la Lune a même relation avec des planètes sèches ou des lieux semblables du ciel. La force du Soleil, d’autre part, est promue par les astres chauds et secs ; elle est affaiblie par les astres de nature contraire. »

Voilà tout ce que le Tractatus de fluxu et refluxu maris trouve à dire de la période annuelle de la marée ; il demeure dans un vague extrême au sujet de cette période que sa théorie ne pouvait expliquer.

« Lorsque la Lune s’éloigne d’une quadrature, poursuit-il[1], la marée croît ; elle éprouve, au contraire, une continuelle diminution lorsque la Lune, quittant la conjonction ou l’opposition, tend vers une quadrature. Selon les astrologues, en effet, toute planète a, dans l’accomplissement des opérations qui lui sont propres, une plus grande efficace et une vertu plus puissante, lorsqu’elle se trouve à l’apogée de son cercle. Or, au moment de la conjonction comme au moment de l’opposition, la Lune se trouve à l’auge [apogée] de son déférent excentrique ;

  1. Ms. cit., loc. cit.