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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome V.djvu/116

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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

L’aleph garde, d’ailleurs, le même sens que le yod : « Aleph[1] désigne l’Ancien et le plus sacré de tous. » Le vav et le continuent de figurer le Verbe et la Lueur.

Or nous lisons[2] : « Ces mois : Le Ciel et la Terre, forment, par leurs initiales, le nom divin Ahavah, par lequel furent créés le Ciel et la Terre ; le Ciel par aleph et , et la Terre et tout ce qu’elle contient par vav et . » Ici, comme en tant d’autres circonstances, le Ciel désigne le Monde immatériel et la Terre le Monde matériel.

L’existence de ces deux mondes est un des enseignements les plus clairs, les plus formels, les plus fréquemment répétés du Zohar ; c’est aussi un de ceux par lesquels la Kabbale s’apparente le plus étroitement au Platonisme. Citons quelques textes particulièrement instructifs.

« Tout[3], dans le Monde, est divisé en deux parties dont l’une est visible et l’autre invisible. Ce qui est visible n’est que le reflet de ce qui est invisible… Ainsi toutes les œuvres du Saint (béni soit-il !) ont leur reflet ici-bas. De même que Bereschith est reflété ici-bas en Élohim, de même le Ciel est reflété dans la Terre ; le Ciel invisible devait nécessairement avoir un reflet visible, et c’est la Terre. »

« C’est le haut[4] et le bas qui sont désignés par les mots Ciel et Terre. »

« Il y a cieux et cieux[5] ; il y a des cieux en bas au-dessous desquels existe une terre, et il y a des cieux en haut au-dessous desquels existe également une terre. »

« Les cieux sont superposés les uns aux autres[6] ; les cieux inférieurs sont matériels et les cieux supérieurs sont immatériels. »

« Lorsque le Saint (béni soit-il !) créa son Monde[7], il le forma de la Lumière dégagée d’en haut, et il créa les cieux du premier firmament que le Saint (béni soit-il !) avait étendu avant toutes choses. C’est ce firmament qui donna naissance aux autres cieux [supérieurs]…

» Il y a un firmament au-dessus des cieux [supérieurs] et un firmament au-dessous. Le firmament d’en haut donna naissance aux cieux [supérieurs], et les cieux [supérieurs], à leur tour, enfan-

  1. Zohar, I, fol. 262b ; t. II, p. 620.
  2. Zohar, I, fol. 251b ; t. II, p. 591.
  3. Zohar, I, fol. 39b ; t. I, pp. 241-212.
  4. Zohar, I, fol. 47b ; t. I, p. 275.
  5. Zohar, II, fol. 209a ; t. IV, p. 215.
  6. Zohar, II, fol. 213a ; t. IV, p. 223.
  7. Zohar, I, fol. 252a et 252b ; t. II, p. 595.