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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome V.djvu/166

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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

vêtement, et c’est ainsi qu’il apprend les choses de l’autre monde.

» Et quand rouah monte pour recevoir la couronne de la chamah d’en haut, nephesch s’attache à lui et en reçoit la lumière comme la Lune reflète celle du Soleil. Pendant que rouah s’attache à sa neschamah, celle-ci s’attache à la Fin de la Pensée qui constitue le mystère du Nephesch d’en haut : celui-ci, à son tour, s’attache au Rouah d’en haut, et celui-ci s’attache à la Neschamah d’en haut, et celle-ci, enfin, s’attache à l’Infini. C’est ainsi que le repos règne partout en haut et en bas. »

La chaîne qui commence par l’union des divers degrés de l’âme humaine se poursuit et s’achève par l’union des hypostases de bien.

Ces voyages de l’âme, qui descend et remonte, qui s’entoure, pour descendre d’enveloppes de plus en plus grossières, qui les délaisse les unes après les autres lorsqu’elle remonte, offrent plus d’un trait de ressemblance avec les migrations de l’âme telles que Proclus les avait décrites.

Au gré de la Στοιχείωσις θεολογική, chaque âme partielle (μερικὴ ψυχή) descend[1] une infinité de fois dans le Monde de la génération ; une infinité de fois, elle remonte vers l’Un, afin de se conjoindre à l’âme céleste et indivise dont elle procède ; ces alternatives de descente et d’ascension se font suivant un rythme périodique.

Pour descendre dans le Monde inférieur, l’âme partielle est pourvue[2] d’un véhicule (ὄχημα) que fabrique pour elle une cause immobile, un être céleste. Ce véhicule est éternel[3], indivisible par essence, immatériel, impassible. Proclus le nomme[4] un corps éternel (ἀΐδιον σῶμα). « Toute âme possède donc le corps éternel qu’elle a, tout d’abord, reçu en partage. »

À l’âme qui se dispose à descendre ici-bas, ce véhicule ne suffit pas. « Le véhicule de toute âme partielle[5] se revêt, pour descendre, de tuniques de plus en plus matérielles… L’âme, de son côté, descend en cessant d’être purement raisonnable, en s’emparant des vies dénuées de raison. — Πάσης μερικῆς ψυχῆς τὸ ὄχημα κάτεισι μὲν προσθέσει χιτώνων ἐνυλοτέρων… Καὶ γὰρ ἐκεινη κάτεισι μὲν ἀλόγως, ἀλόγους προσλαβοῦσα ζωάς. » Pour remonter, elle rejette

  1. ΠΡΟΚΛΟΥ ΔΙΑΔΟΧΟΥ ΠΛΑΤΩΝΙΚΟΥ Στοιχίωσις θεολογική, CCVI. Éd. Francofurti ad Mœnum, 1822, pp. 308-311. Éd. adjointe à : Plotoni Ennéades, Firmin-Didot, Parisiis, 1855, p. CXVI.
  2. Procli Op. laud., CCVII ; éd. 1822, pp. 310-311 ; éd. 1855, p. CXVI.
  3. Procli Op. laud., CCVIII ; éd. 1822, pp. 310-311 ; éd. 1855, p. CXVI.
  4. Procli Op. laud., CCVII ; éd. 1822, pp. 310-311 ; éd. 1855, p. CXVI.
  5. Procli Op. laud., CCIX ; éd. 1822, pp. 312-313 ; éd. 1855, p. CXVI.