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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome V.djvu/38

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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

s’écoule de ces substances doit être compris comme un mouvement et un désir quelles éprouvent en vue de produire leur action ; en quoi elles imitent le Créateur. Mais en ce mouvement et ce désir, elles sont différentes les unes des autres selon le degré de leur perfection ou de leur imperfection. »

Ce désir de Conférer aux substances placées au-dessous d’elles formes par lesquelles elle les peut perfectionner, chaque substance ne l’éprouve pas seulement à l’imitation du Créateur, mais encore en vertu de l’impulsion que le Créateur lui communique. C’est le bien reçu de Dieu qui la contraiut de donner à son tour. « Cet influx premier, qui enveloppe toutes les substances, c’est lui qui les contraint d’influer les unes sur les autres. Le Soleil t’en fournit un exemple ; ce n’est pas lui qui s’est donné à lui-même le pouvoir de rayonner ; s’il émet ses rayons, c’est qu’il est soumis à la première Influence et qu’il lui obéit. »

Ainsi la Matière se meut vers la Forme et la Forme se meut vers la Matière « parce que toutes deux désirent s’unir[1] ».

Il en est ainsi, au sommet de la hiérarchie des rires, de la Matière universelle et de la l’orme universelle ; mais il en est de même, au plus bas de la nature, des choses les plus particulières. « Là, tu verras que toutes choses, bien que séparées, tendent à se mêler les unes avec les autres. À l’extrémité inférieure, donc, il y aura mélange, comme à l’extrémité supérieure il y a union. Toutes les choses qui sont diverses et divisées, aussi bien parmi les êtres supérieurs que parmi les êtres inférieurs, tels que les individus, les espèces, les genres, les classes, les caractères propres ou accidentels, tous les opposés, dis-je, tous les contraires, se meuvent pour se rejoindre, désirent l’accord, recherchant l’union ; et il en est ainsi parce que, bien que séparés, ils sont déjà conjoints, et bien que divers, ils sont déjà concordants en quelque chose ; ce quelque chose les retient ensemble, les conjoint, les contraint de se réunir ; toutes ces opérations ont un principe commun qui est celui-ci : L’Unité est partout victorieuse ; répandue en toutes choses, elle retient toutes choses.

Aussi avons-nous vu, d’une part, le désir qui meut la Matière vers la Forme et, d’autre part, le désir qui presse l’agent de donner la Forme à la Matière, produits tous deux par l’action du Créateur, par l’influence de l’Un.

Ce mutuel désir qui meut la Matière et la Forme l’une vers l’autre, l’imparfait et le parfait l’un vers l’autre, l’auteur de la

  1. Avencebrolis Fons vitæ, Tract. V, cap. 35. pp. 320-321.