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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome V.djvu/456

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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

seoir les intelligenres que troublait le désaccord entre la doctrine de l’Église et lenseignement des philosophes ? Était-elle capable de rassurer ceux qui sentaient leur foi en la vie future ébranlée par l’hérésie averroïste ?


V
LA PHILOSOPHIE D’ALBERT LE GRAND (suite). — LA THÉORIE
DE L’ÂME HUMAINE

À l’égard de cette hérésie, quelle fut l’attitude d’Albert ?

Il ne cessa de s’inquiéter et, contre elle, de multiplier les réfutations.

Elle le préoccupait, nous l’avons vu, dès le temps où il rédigeait sa Physique ; il promettait alors de s’en occuper au traité De l’Âme, et il tint promesse, car une bonne partie du troisième livre, en son De anima, est consacrée à l’immortalité de l’âme, à la multiplicité des âmes après la mort.

Mais Albert ne se tint pas pour satisfait des solutions que le De anima avait données à ces questions, car il les retoucha et compléta à plusieurs reprises.

La théorie de l’intelligence humaine qu’il avait donnée au De anima, il l’exposa de nouveau, avec plus de précision et plus de détails, au second livre du De intellectu et intelligibili.

Comment cette théorie justifie l’immortalité de l’âme et la multiplicité des âmes après la mort, il l’avait dit au De anima ; il y revient au second traité de son De natura et origine animæ, traité qui a pour objet propre « l’état de l’âme non conjointe au corps, telle qu’elle est en elle-même lorsque le corps a été dissous par la mort. »

Cette théorie de l’âme qui a été édifiée au De anima, au De intellectu et intelligibili, au De natura et origine animæ, Albert en donne un aperçu d’ensemble au XIe livre de sa Métaphysique.

À la Métaphysique a fait suite le traité De unitate intellectus contra Averroem, qu’Albert a incorporé plus tard à sa Somme théologique.

Enfin, au Liber de causis se rencontre plus d’un chapitre qui a trait, au moins d’une manière indirecte, à l’individuation de l’âme humaine après la mort.

La multiplicité des attaques portées par Albert contre la théorie qui confond entre elles toutes les âmes humaines séparées de leurs corps montre assez qu’il regardait cette erreur comme difficile à vaincre. Il est permis de croire que la difficulté de triom-