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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome V.djvu/9

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CHAPITRE IV
AVICÉBRON

I
SALOMON BEN GABIROL, DIT AVICÉBRON. — SA THÉORIE DE LA MATIÈRE
ET DE LA FORME


Peu après la mort d’Avicenne, la Philosophie pénétra en Espagne ; ce fut un Juif qui s’en fit l’introducteur, mais un Juif qui écrivait en arabe.

Vers 1045, en effet, un Israélite avait, à Saragosse, la réputation de poëte habile en la langue des Musulmans ; il se nommait Salomon ben Gabirol ; il mourut à Malaga en 1070, selon les uns, en 1050, selon les autres. Outre ses poésies, Ibn Gabirol avait composé divers traités philosophiques dont un, la Source de vie (Fons vitæ), est parvenu aux Scolastiques latins et, de là, jusqu’à nous[1].

Dans cette traduction, le nom de l’auteur, Ibn Gabirol en arabe et Aben Gabirol en hébreu, est devenu d’abord Avencebrol, puis, par une série de déformations, Avicébron.

La version latine du Fons vitæ[2] est due au collège de traducteurs qui travaillait sous les auspices de Don Raimon, archevêque de Tolède ; déjà soupconné par Jourdain, ce fait a été mis hors de doute par la découverte que fit Seyerlen, à la Bibliothèque Mazarine, d’un manuscrit, le ms. No510, que terminent ce colophon et ces vers :

« Finitus est tractatus quintus, qui est de materia universali et

  1. Voir : S. Munk, Ibn-Gebirol, ses écrits et sa philosophie (Mélanges de Philosophie juive et arabe, Paris, 1859, pp. 151 sqq.). — Frank, Dictionnaire des Sciences Philosophiques, art. Avicébron — Cl. Baeumker, Prolegomena de l’édition du Fons vitæ (Beiträge zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, Bd. I, Heft. II, pp. I-XXII ; Münster, 1895).
  2. Cette version a été publiée : Avencebrolis (Ibn Gebirol) Fons vitæ ex Arabico in Latinum translatus ab Johanne Hispano et Dominico Gundissalino. Ex codicibus Parisinis. Ampliniamo, Columbino primam edidit Clemens Baeumker. (Beiträge zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, Bd. I, Münster, 1892, pp. 1-339).