empruntée aux plus grands docteurs et aux saints les plus éminents de l’Église, car ceux-ci n’ont pas cessé d’en parler ; ils en ont meme beaucoup écrit.
» Cependant, même en dehors d’eux, certains philosophes païens, qui vécurent longtemps avant l’ère chrétienne, s’appliquèrent de toutes leurs forces à chercher et à expliquer cette étincelle ; tels sont Platon, Aristote, Proclus….
» Proclus, un philosophe païen, appelle ce fond de l’âme un sommeil, un silence, un repos divin. Il « lit que c’est la recherche occulte de l’Un unique, de cet lin qui est infiniment au-dessus de notre raison et de notre intelligence. Lorsque l’âme, ajoute-t-il, se recueille intérieurement au fond d’elle-même, elle devient en quelque sorte divine, elle mène une vie divine ».
Tauler avait certainement conçu, pour Proclus, la plus vive admiration ; il lui arrive de le mettre au-dessus de Saint Thomas d’Aquin. Pans un de ses sermons, par exemple, où il parle de l’image de Dieu en nous, il dit[1] :
« Saint Thomas s’est approché davantage de la réalité… Mais il est d’autres docteurs qui parlent de ce sujet d’une manière bien plus haute. Ils disent que cette image réside dans l’intime de l’âme, c’est-à-dire dans le fond le plus extrême, le plus caché de l’âme.
» Un philosophe païen, du nom de Proclus, parlant de ce fond, disait : « Tant que l’homme est occupé par les images qui sont au-dessous de nous, il n’est pas croyable qu’il puisse se recueillir dans ce fond. C’est à peine si nous pouvons nous persuader à nous-même que ce fond existe au dedans de nous ; nous ne voulons même pas croire qu’il soit loin de songer qu’il existe en nous »… « Mais » — c’est encore Proclus qui parle — « voulez-vous faire l’expérience qu’en réalité il existe ? Regardez-le avec l’œil de l’intelligence, laissant de côté toute multiplicité. Que si vous désirez vous rapprocher de lui encore davantage, eh bien ! détournez le regard même de votre intelligence ; l’intelligence, en effet, est encore au-dessous de vous ; faites-vous un avec Lui qui est Un ». Or cet Un, Proclus l’appelle l’obscurité reposée, silencieuse, dormante, divine et hors de soi.
» Un grand sujet de honte pour nous, mes chers amis, et une chose qui doit nous faire monter le rouge an front, c’est de voir qu’un gentil, un païen a pu non seulement concevoir par son i.
1. Jean Tauler, Deuxième sermon pour la Sainte Trinité (Œuvres de Tauler, éd. cil, , t. 111, kjii ; pp, ug-120).
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