(unigenea) que la matière corporelle, rien ne laisse supposer que ccs deux matières, qui ne peuvent se transformer l’une en l’autre, puissent, par l’effet de déterminations différentes, dériver d’une même matière première.
D’ailleurs, en ces discussions sur la matière angélique, nous voyons intervenir la définition très spéciale que Richard donne de ce mot matière ; la notion de matière n’est plus, pour lui, ce qu elle était pour Aristote, ni ce qu’elle était pour Avicenne, ni, semble-t-il, ce qu elle était pour Avicébron.
Richard prend soin de rappeler[1] qu’au dire d’Aristote, la matière est simplement puissance ; que, de l’avis de Boèce, elle est chose purement possible ; que, selon l’opinion d’Avicenne, la matière n’a d’autre existence que celle de réceptacle ; mais toutes ces affirmations, il les rejette et les remplace par celle-ci : « La matière est une essence qui n’est pas purement possible ; mais, parmi les êtres, elle occupe le plus bas degré d’actualité ; d’elle-même, elle n’a pas une actualité semblable à celle des choses qui sont reçues en elle. Par voie naturelle, la matière ne pourrait exister en acte sans la forme, et l’actualité du composé [de matière et de forme] provient plus de la forme que de la matière ; c’est pourquoi les Saints et les Philosophes ont dit que l’existence d’une chose provient de la forme ».
En toute actualité, donc, il faut concevoir deux degrés.
Le degré inférieur esteelui que la matière possède d’elle-même ; la matière ne pourrait, par les seules actions de la nature, exister avec ce seul degré d’actualité ; cette existence, cependant, ne serait pas contradictoire ; la puissance infinie et surnaturelle de Dieu la pourrait réaliser ; « par la puissance divine, la matière pourrait exister sans être unie à quelque forme que ce soit[2] ».
Le degré supérieur d’actualité est celui que la matière acquiert par son union avec la forme ; la matière avait auparavant une actualité incomplète ; le composé de matière et de forme a maintenant une actualité complète.
Pour tous les anciens philosophes, ni la matière ni la forme n’étaient de même nature que la substance, puisque celle-ci était nécessairement composée de matière et de forme ; pour Richard de Middleton, au contraire, la matière privée de forme, d’une part, et la substance composée de matière et de forme, d’autre
1. Ricardi de Media Villa Op, laud., Lib. II, Dist. XII, art. I, quæst I ; éd. cit., t. II, pp. 142-144.
2. Ricardi de Media Villa Op. laud,. Lib. II, Dist. XII, art. I, quæst. IV ; éd. cit , t. II, p. 146.