Jean XXI écrivait à Étienne Tempier dans les ternies suivants 1 :
« Un rapport extrêmement inquiétant (relatio nimis implacida) est venu récemment à nos oreilles ; il nous a troublé et a mis l’amertume en notre âme ; jusqu’ici, à Paris, jaillissait abondamment une source vive de sagesse ; cette source répandait jusqu’aux contins du monde ses ruisseaux limpides qui éclaircissaient la loi catholique ; et voici qu’au grand préjudice de cette même toi, certaines erreurs se sont mises à y pulluler de nouveau. Aussi nous voulons et nous t’ordonnons, en te l’enjoignant par l’autorité de la présente lettre, de faire soigneusement examiner et rechercher en quels lieux et par quelles personnes des erreurs de cette sorte sont enseignées verbalement ou par écrit ; ce que tu auras appris ou découvert, tu le noteras fidèlement par écrit, et tu auras soin de nous le transmettre le plus vite possible par ton envoyé. »
Étienne Tempier se hâta de suivre les injonctions du pape ; il les outrepassa même, en son zèle à combattre les erreurs des Philosophes ; il réunit en conseil « un certain nombre de docteurs en Théologie et autres prud’hommes, tam doctorum Sacræ Scripturæ quam aliorum prudentium virorum communicato consilio[1] » ; après avoir piis l’avis de ce conseil, il porta, le 7 mars 1277, les condamnations solennelles dont nous allons parler.
Quels étaient ces hommes doctes en Sainte Écriture et ces autres prudentes personnes dont l’Évêque de Paris s’était entouré ? Nous en ignorons le nombre, et, de leurs noms, un seul, celui d’Henri de Gand, nous est connu.
Henri[2], dont on a fait par erreur un membre de la famille Gœthals (Bonicollus) et un frère servite, était né à Gand à une date inconnue. Chanoine de Tournai en 1267, archidiacre de Bruges en 1276, il fut, en 1277, reçu docteur en Théologie ; en 1278 ou 1279, il fut nommé archidiacre de Tournai ; en 1284, Martin IV le mit au nombre des arbitres qu’il chargea d’apaiser une querelle soulevée entre le chancelier et le recteur de l’Université ; il mourut le 29 juin 1293.
Les Quodlibet dTlenri de Gand nous diront qu’il fut un des 1 2
1. Dénifleet Châtelain, CAarZwZarûzzn ZA ; ù>er sda/Z s ParzsZensZs, piècen°471 ; t. I, |l 541- P* Mandonnet, Zoc, ci/,, p. 213.
2. Denifle et Châtelain, CAûr/aZariüffî Parisiensis, pièce n°473, t. I, p< 543.
3. Sur la biographie d’Henri de Gand, voir : Eh b le, Befirat/e ^tz den Bioffraphten beruhmter SehoZashfcer. J/einric/i aon GenZ (Arc/n’u /ür Lilteratur and Kirchen^eschtc/zZe des Bd 1, 188&.
M. De Wulf, /ZisZoÊre de la Philosophie scoZasZrfyzze dans les Pays-Bas et la principauté de Lzézje, Louvain et Paris, 1890 ; pp, 46 seqq.
